Annoter ce chapitre Comment annoter ? Deux types d'annotations sont disponibles sur OpenEdition Books Les annotations libres elles font office de système de commentaire ou de notes personnelles. Les Ă©valuations ouvertes par les pairs publiques et produites dans le cadre d'une expĂ©rimentation lancĂ©e de fĂ©vrier Ă juin 2019 sur une dizaine de titres. Pour en savoir plus, consulter la liste des ouvrages participants et les règles de bonne conduite. OĂą annoter ? Plusieurs groupes d'annotation ont Ă©tĂ© créés. Une fois connectĂ© dans merci de vĂ©rifier dans le menu dĂ©roulant que vous annotez dans le bon groupe et consultez notre guide utilisateur. Dans le cadre de l'expĂ©rimentation utiliser le groupe "OPR" de l'Ă©diteur de la publication. Hors expĂ©rimentation utiliser le groupe "Public". Toponymie et iconographie Emmanuelle Vagnon Texte intĂ©gral 1 La bibliographie sur les portulans et les cartes marines mĂ©diĂ©vales a Ă©tĂ© notablement ... 1Les cartes marines, que l’on appelle aussi parfois des cartes portulans, sont emblĂ©matiques de l’expansion maritime europĂ©enne. DessinĂ©es sur des pièces de parchemin et parcourues par des lignes en Ă©toile, elles sont Ă©laborĂ©es et communĂ©ment utilisĂ©es Ă partir des xiie et xiiie siècles en Occident. D’abord centrĂ©es sur le bassin mĂ©diterranĂ©en et la mer Noire, elles s’étendent ensuite Ă d’autres espaces maritimes au xvie siècle1. 2Le dĂ©troit de Gibraltar, seuil d’une mer presque close, ouverture vers le grand large, est un des Ă©lĂ©ments structurants de ces cartes, dès l’origine, aussi bien sur le plan de la construction cartographique que sur le plan de la mise en scène gĂ©opolitique de l’espace. Ă€ vrai dire, ce passage entre deux mondes maritimes, perçu depuis l’AntiquitĂ© comme une porte, est en lui-mĂŞme formĂ© de plusieurs limites qui crĂ©ent un espace en soi, structurĂ© par des promontoires et des golfes. Ă€ l’ouest, du cĂ´tĂ© de l’ocĂ©an Atlantique, le dĂ©troit est dĂ©limitĂ© par le cap Trafalgar, en Espagne, et le cap Spartel au Maroc, sĂ©parĂ©s par environ 45 km ; Ă l’est, du cĂ´tĂ© de la MĂ©diterranĂ©e, se font face deux pointes, l’une en Europe le rocher de Gibraltar, l’autre près de Ceuta en Afrique Punta Almina, distantes d’une vingtaine de kilomètres. Le tout forme une sorte de quadrilatère irrĂ©gulier. Au nord-ouest, le dĂ©troit dĂ©bouche dans le golfe de Cadix, qui s’ouvre largement sur l’Atlantique, tandis qu’au nord-est, le golfe d’AlgĂ©siras sĂ©pare Tarifa de Gibraltar. Au sud, sur la cĂ´te marocaine, la baie de Tanger s’ouvre entre le cap Spartel et Ceuta. 2 Fidence de Padoue, Liber de recuperatione Terrae Sanctae, Paris, BnF, latin 7242, ... 3Au Moyen Ă‚ge, le dĂ©troit, dit de Gadès, d’Hercule ou du Maroc strictum Marochie2, est dĂ©jĂ une voie de passage frĂ©quentĂ©e par les bateaux de guerre et les navires de commerce. En tant que porte de la MĂ©diterranĂ©e et perçu comme une frontière, le dĂ©troit reçoit une attention particulière de la part des cartographes. Nous verrons que le dessin des cartes marines mĂ©diĂ©vales repose en grande partie sur la dĂ©termination de l’axe de la mer MĂ©diterranĂ©e de Gibraltar Ă Alexandrie. D’autre part, la toponymie et les conditions de navigation sont observĂ©es et rendues avec soin, dans les textes des portulans comme sur les cartes, et les rĂ©fĂ©rences Ă l’AntiquitĂ© sont effacĂ©es au profit d’un glossaire nautique mĂŞlant latin, arabe et langues romanes. Nous examinerons ces deux aspects en analysant enfin quelques exemples de la reprĂ©sentation politisĂ©e du dĂ©troit, du xve au xvie siècle. Le dĂ©troit dans la structuration des cartes de la MĂ©diterranĂ©e Nom dans les sources et dĂ©termination de sa forme et de ses limites 3 Le dĂ©troit ouvre sur l’ocĂ©an circulaire sur de nombreuses mappemondes mĂ©di ... 4Une première remarque concerne le nom mĂŞme du dĂ©troit de Gibraltar sur les cartes marines. Contrairement aux mappemondes schĂ©matiques du Moyen Ă‚ge oĂą le dĂ©troit est clairement reprĂ©sentĂ© et nommĂ©, suivant cela une tradition de l’AntiquitĂ© tardive liĂ©e Ă la glose des auteurs classiques, les portulans et les cartes marines mĂ©diĂ©vales ne soulignent pas nĂ©cessairement la valeur symbolique de ce seuil3. Le passage maritime entre la MĂ©diterranĂ©e et l’ocĂ©an Atlantique est certes reprĂ©sentĂ© sur la plupart des cartes marines mĂ©diĂ©vales, mais il ne reçoit pas de nom particulier. En revanche, la toponymie locale est particulièrement dĂ©taillĂ©e, et selon l’échelle et le cadrage de la carte, le cartographe accorde une place plus ou moins grande aux rivages qui entourent le passage Ă l’est ou Ă l’ouest. 4 Pujades i Bataller, 2013, pp. 17-25. 5 Berlin, Staatsbibliothek, Hamilton 396. Il Compasso da navigare, Ă©d. de Motzo, ainsi q ... 5On a longtemps considĂ©rĂ© la carte pisane comme la plus ancienne carte portulan connue, et de lĂ , comme l’archĂ©type des cartes marines qui devaient circuler en MĂ©diterranĂ©e occidentale Ă la fin du xiiie siècle4. Cette carte a la particularitĂ© d’être strictement limitĂ©e au bassin mĂ©diterranĂ©en et Ă la mer Noire cette dernière Ă©tant presque effacĂ©e Ă cause du mauvais Ă©tat du document. Le dĂ©troit de Gibraltar est, de la sorte, dessinĂ© Ă l’une des extrĂ©mitĂ©s du parchemin, et le dessin de la cĂ´te s’arrĂŞte peu après vers l’ouest. Par ailleurs, le Compasso da navigare, ce portulan dont le plus ancien manuscrit date de 1296, dĂ©crit les rivages de la MĂ©diterranĂ©e en commençant par le cap Saint-Vincent en portugais cabo de SĂŁo Vicente, dans la municipalitĂ© portugaise de Sagres, dans l’Algarve5. Ce cap est le point le plus au sud-ouest de l’Europe, l’un des lieux considĂ©rĂ©s au Moyen Ă‚ge comme l’extrĂ©mitĂ© de l’Europe occidentale. Le portulan, qui Ă©numère les toponymes de proche en proche dans le sens des aiguilles d’une montre, propose un parcours tout autour de la MĂ©diterranĂ©e et s’achève Ă l’ouest près de son point de dĂ©part, mais sur la rive africaine, au-delĂ de Ceuta. 6 Campbell, 1987 et Pujades i Bataller, 2007. Voir Ă©galement le recensement des cartes s ... 7 Gabriel de Vallseca, Majorque, 1447, BnF, CPL GE C-4607 RES ; Gabriel de Vallseca, 1 ... 8 Bouloux, 2002, pp. 249-254. 6Le recensement des cartes marines mĂ©diĂ©vales commencĂ© dans les annĂ©es 1980, les recueils illustrĂ©s et, dĂ©sormais, les archives numĂ©risĂ©es des bibliothèques permettent de consulter rapidement un bon nombre de reproductions de cartes marines mĂ©diĂ©vales6. On constate que la grande majoritĂ© des cartes marines de la mer MĂ©diterranĂ©e donnent Ă voir le dĂ©troit de Gibraltar, au moins jusqu’à son embouchure occidentale. Celles qui s’arrĂŞtent Ă cet endroit sont finalement plutĂ´t rares c’est le cas de la carte pisane et de certaines cartes de Gabriel de Vallseca, par exemple7. Les cartes marines de l’école catalane Dulcert/Dalorto, l’Atlas catalan, Soleri, Mecia de Viladestes sont au contraire largement ouvertes vers l’Atlantique, de manière Ă reprĂ©senter Ă©galement les Ă®les ocĂ©aniques et la cĂ´te africaine. La limite occidentale du monde connu n’est certainement pas le dĂ©troit de Gibraltar, mais plutĂ´t les Ă®les Canaries, colonisĂ©es depuis le xive siècle et identifiĂ©es aux Ă®les FortunĂ©es antiques8. Plus loin dans l’Atlantique, des Ă®les inconnues sont Ă©galement reprĂ©sentĂ©es et parfois nommĂ©es, invitation, par anticipation, aux voyages maritimes et aux explorations futures. 9 Grazioso Benincasa, 1466. Atlas de la MĂ©diterranĂ©e et Atlantiq ... 7L’étude de la composition d’un atlas de cartes marines de Grazioso Benincasa, typique de la production vĂ©nitienne de la deuxième moitiĂ© du xve siècle, permet de comprendre Ă quel point le dĂ©troit de Gibraltar est important dans la perception et l’organisation de l’espace mĂ©diterranĂ©en9 fig. 1. Le cartographe a choisi de rĂ©unir des cartes de portions de la MĂ©diterranĂ©e avec des orientations et des Ă©chelles diffĂ©rentes. Sur cinq cartes, trois reprĂ©sentent le dĂ©troit ; elles sont orientĂ©es soit vers l’ouest ce qui facilite la lecture des toponymes europĂ©ens et porte le regard vers l’Atlantique, soit vers le nord quand il s’agit d’illustrer la progression des connaissances gĂ©ographiques le long de la cĂ´te africaine dans les annĂ©es 1470. Fig. 1. — DĂ©tail du dĂ©troit de Gibraltar, Grazioso Benincasa, Atlas de la MĂ©diterranĂ©e et de l’Atlantique, 1466, feuille 3, MĂ©diterranĂ©e occidentale », Paris, BnF, CPL GE DD-2779 RES 10 Astengo, 2007. 8Ă€ la suite de ces atlas de la fin du xve siècle, au fur et Ă mesure de l’expansion ocĂ©anique europĂ©enne, l’échelle des cartes marines Ă©tendues, jusqu’à devenir des planisphères, se rĂ©duit ; et de mĂŞme, très souvent, le degrĂ© de dĂ©tail et le nombre des toponymes sont limitĂ©s Ă quelques-uns. Le dĂ©troit reste nĂ©anmoins important et tient la comparaison avec d’autres grands passages stratĂ©giques du monde le cap de Bonne-EspĂ©rance, le dĂ©troit de Magellan, le dĂ©troit de la Sonde. En parallèle, il existe Ă©galement au xvie siècle des cartes marines rĂ©gionales très dĂ©taillĂ©es et des Ă©coles cartographiques mĂ©diterranĂ©ennes qui continuent Ă mettre en valeur le dĂ©troit comme passage vers les autres parties du globe10. L’axe Gibraltar-Alexandrie 11 Id., 2005, p. 24. 9Le dĂ©troit de Gibraltar est structurant, non pas seulement parce qu’il limite la mer MĂ©diterranĂ©e et ouvre vers l’ocĂ©an, mais aussi parce qu’il participe Ă la composition des cartes marines, reconnaissables Ă ces lignes de vents qui rayonnent Ă partir de points gĂ©omĂ©triques. Plusieurs tentatives ont Ă©tĂ© faites pour identifier le mode de construction de ces cartes les lignes viendraient-elles avant ou après le dessin des cĂ´tes11 ? Le cartographe recopie souvent des modèles avec un système de calques ou Ă main levĂ©e et adapte l’échelle de la carte Ă la taille du parchemin disponible. Mise Ă part une hypothĂ©tique utilisation en mer de ces lignes de vents pour orienter le navire ou calculer des distances, le canevas, me semble-t-il, sert surtout Ă centrer le dessin cartographique sur des rĂ©gions jugĂ©es importantes et Ă situer les rĂ©gions les unes par rapport aux autres en fonction de la rose des vents. 12 Id., 1995 et 2005, p. 29. 10De ce strict point de vue graphique, la place du dĂ©troit de Gibraltar par rapport Ă ce rĂ©seau de lignes des vents revĂŞt une importance particulière. En effet, les cartes portulans prĂ©sentent une torsion de l’axe de la MĂ©diterranĂ©e d’environ dix degrĂ©s vers le nord. De la sorte, le dĂ©troit est reprĂ©sentĂ© Ă la mĂŞme latitude qu’Alexandrie, alors qu’il est en rĂ©alitĂ© Ă la latitude de Chypre. Cette construction cartographique s’observe sur les plus anciens exemplaires conservĂ©s et se maintient très longtemps pendant le xvie siècle, comme une tradition de reprĂ©sentation propre Ă ce genre cartographique. L’explication donnĂ©e habituellement est que les cartographes se servent du nord magnĂ©tique, indiquĂ© par la boussole, comme nord de rĂ©fĂ©rence de la carte. La diffĂ©rence d’une dizaine de degrĂ©s entre le pĂ´le et le nord magnĂ©tique provoque cette distorsion, due non pas Ă une erreur, mais Ă une rĂ©fĂ©rence et Ă un système de construction diffĂ©rents de celui des cartes actuelles, qui ont le pĂ´le Nord comme rĂ©fĂ©rent et utilisent la projection de Mercator12. 13 Petrus Vesconte, GĂŞnes, 1313, BnF, CPL GE DD-687 RES Recueil de six ca ... 11Certaines cartes marines mĂ©diĂ©vales, mais elles sont rares, montrent la ligne ouest-est passant par le dĂ©troit Vesconte, 1313 il s’agit de l’une des lignes de construction et cela n’est possible que parce que le point d’intersection de lignes de vents ou point nodal se trouve dans l’axe du dĂ©troit. Quelques cartographes soulignent l’importance du dĂ©troit en le choisissant comme le centre d’un rĂ©seau de lignes, mais ce n’est pas systĂ©matique13. Le dĂ©troit de Gibraltar pour les navires de l’Atlantique 12Un autre aspect du caractère structurant du dĂ©troit de Gibraltar pour la cartographie est la symĂ©trie opĂ©rĂ©e frĂ©quemment dans les sources avec les dĂ©troits de la mer Noire, Ă l’autre extrĂ©mitĂ© de la MĂ©diterranĂ©e. Les commentateurs mĂ©diĂ©vaux n’ont pas manquĂ© de relever les points communs entre ces deux portes maritimes, caractĂ©risĂ©es par des promontoires rocheux face Ă face, et sĂ©parant deux continents. Un passage du portulan intitulĂ© le De viis maris souligne ainsi 14 De viis maris, Ă©d. de Gautier DalchĂ©, p. 194 Quia sciendum est quod du ... Il faut savoir qu’il existe deux entrĂ©es dans la mer MĂ©diterranĂ©e, dont l’une est au dĂ©troit d’Afrique, l’autre près de Constantinople et s’appelle le bras Saint-Georges. Or pour ceux qui veulent aller par mer en Terre de promission, il convient d’entrer par le premier de ces accès et de passer par les ports qui se trouvent entre les deux14. 13Le rĂ©dacteur du De viis maris, selon l’analyse de P. Gautier DalchĂ©, est un clerc anglais accompagnant la troisième croisade Roger de Howden au xiie siècle. Selon son point de vue, qui Ă©tait celui des croisĂ©s anglais et avant eux celui des aventuriers normands du xie siècle, le chemin vers la Terre sainte passait nĂ©cessairement par le dĂ©troit de Gibraltar ; puis on gagnait le Proche-Orient par cabotage d’ouest en est, comme si Gibraltar et Constantinople Ă©taient situĂ©es Ă peu près sur une mĂŞme ligne reliĂ©e par des Ă©tapes maritimes. Il s’agit lĂ exactement de la logique de composition du portulan, tel qu’il est rĂ©digĂ© dans la suite du document. L’auteur ou plutĂ´t le compilateur n’envisage Ă aucun moment une traversĂ©e en droiture, mais la reprĂ©sentation de la MĂ©diterranĂ©e qui ressort de ce passage est celle d’un axe maritime bornĂ© Ă l’ouest par le dĂ©troit de Gibraltar, Ă l’est par le Bosphore. 14Le dĂ©troit de Gibraltar est non seulement l’entrĂ©e de la MĂ©diterranĂ©e pour les navires de guerre, mais aussi le passage obligĂ© de galĂ©es mĂ©diterranĂ©ennes qui alimentent le marchĂ© de la mer du Nord Ă l’aller et au retour. Cette route des Flandres rendue Ă©vidente sur une carte de navigation, est Ă©voquĂ©e ainsi au cours d’un procès au sujet du paiement d’une taxe due pour le passage entre l’île d’Ibiza et la cĂ´te ibĂ©rique. Le document est un ensemble de pièces relatives au contentieux entre Giovanni Rosso, un VĂ©nitien propriĂ©taire d’un bateau amarrĂ© au port de Portopin et qui revient de Flandre, et le collecteur de la lleuda taxe de fret Ă Tortosa, en 1418. Afin de prouver que la taxe ne les concerne pas, le juriste Arnaud de Mure et le consul vĂ©nitien de Majorque, Nicolas de Pax, prĂ©sentent Ă la cour de justice une carte nautique. Ă€ l’aide d’un compas, ils montrent sur la carte le trajet suivi Ă l’aller par le navire pour se rendre en mer du Nord par le dĂ©troit de Gibraltar ; le navire est passĂ© très loin au sud de Majorque et ne peut donc pas ĂŞtre soumis Ă la taxe de Tortosa. 15 Aujourd’hui Portopi, quartier du port Ă Palma de Majorque. 16 Palma de Majorque, Arxiu del Regne de Mallorca, A. J. 474, fo 129ro-vo Cumque posi ... Une fois posĂ© le fait que ladite nef maintenant amarrĂ©e devant le port de Portopin15, doit aller et naviguer vers les parties de Flandres, c’est-Ă -dire les parties du ponant, elle peut naviguer en mer Ă distance du dit dĂ©troit desdites Ă®les et de la terre de Catalogne. Le vĂ©nĂ©rable Arnaud, pour prouver ce qu’il disait, dĂ©signa sur une carte de navigation, qu’il montra ici et dĂ©ploya, et signala avec un compas, l’arrivĂ©e par la mer de Provence et le parcours par mer de ladite nef16. 15Ce texte dĂ©montre Ă quel point la carte marine Ă©tait jugĂ©e fiable, puisqu’elle sert de preuve dans un procès. Il rappelle Ă©galement le rĂ´le des cartes comme moyen de repĂ©rage et comme enregistrement, et sans doute enseignement des routes commerciales. Les deux rives du dĂ©troit Étude de la toponymie l’aide des portulans textuels 16L’étude dĂ©taillĂ©e de la toponymie du dĂ©troit sur les cartes marines rĂ©vèle la densitĂ© des noms et le soin apportĂ© au dessin de la cĂ´te, en particulier les promontoires, dont les contours sont agrandis par rapport Ă l’échelle de la carte. En parallèle, les portulans textuels aident au dĂ©chiffrage de ces noms de lieu. On constate que certains toponymes citĂ©s, soit dans les portulans soit sur les cartes, ne sont pas des ports de mer. Par exemple, SĂ©ville et Cordoue sont mentionnĂ©es et reprĂ©sentĂ©es comme s’il s’agissait des Ă©tapes de cet itinĂ©raire de cabotage ; mais elles sont en fait mentionnĂ©es en tant qu’escales obligatoires pour le commerce. L’auteur du De viis maris est particulièrement sensible Ă cet arrière-plan des capitales rĂ©gionales, qu’elles soient ou non au bord de la mer 17 De viis maris, § 4 Deinde in eadem terra Sarracenica est bonus portus Sibille qui ... Ensuite, dans cette mĂŞme terre des Sarrazins il y a le bon port de SĂ©ville, qu’on appelle Godelkivir ou Udelkebir. En remontant ce fleuve on va Ă la citĂ© de Cordoue, dans laquelle est nĂ© Lucain17. 18 Villaverde Vega, 2001, carte p. 196. 19 De viis maris, § 6 Et est sciendum quod ex utraque parte districtarum Affrice est ... 20 Ibid., voir le commentaire prudent de Gautier DalchĂ© dans son Ă©dition, p. 266 Beck ... 17Elles sont plus ou moins mises en valeur sur les cartes marines, avec une attention portĂ©e Ă la situation d’hinterland au fond d’un estuaire ou sur une colline, et parfois signalĂ©es par des vignettes urbaines. Les toponymes fournis par le rĂ©dacteur du De viis maris mĂ©langent quelques rĂ©fĂ©rences antiques Calpes », Athlas » viennent probablement de la Pharsale de Lucain, citĂ© prĂ©cĂ©demment avec des noms vernaculaires retranscrits phonĂ©tiquement, oĂą se mĂ©langent le latin et l’arabe. P. Gautier DalchĂ©, dans son Ă©dition, ne les a pas tous commentĂ©s ; nous proposons ici quelques identifications par recoupement avec d’autres sources18 Sparte » pour le cap Spartel, Tange », Cacerium » pour l’Alcazar, Muee » ailleurs Mucemuthe, Mulemuda, Monzema pour Qaṣr MasmĹ«da aujourd’hui Qaṣr al-Saġir, Scep » pour Ceuta, Boloo » pour le cap Belona ou Belyounech, et Ieziratarif », mot rĂ©unissant AlgĂ©siras et Tarifa19. Les deux citĂ©s et châteaux », nommĂ©s Becke et Tele sur la cĂ´te espagnole, et Swell » pourraient provenir aussi de la dĂ©formation de toponymes arabes20. 21 Voir la notice rĂ©digĂ©e par Marie-Pierre Laffitte dans le catalogue [disponible en ... 18L’association matĂ©rielle des portulans textuels et des cartes marines est nĂ©anmoins relativement rare dans la documentation dont nous disposons. Un manuscrit mĂ©connu de la Bibliothèque nationale de France contient ainsi, de manière exceptionnelle, une traduction librement adaptĂ©e en français, datĂ©e d’environ 1510, du Compasso da navigare, illustrĂ©e de cartes enluminĂ©es très fines21 fig. 2a et 2b. L’ouvrage combine les avantages de la description gĂ©ographique assortie de directions, de chiffres et d’indications nautiques, avec une reprĂ©sentation des contours des cĂ´tes et de la position relative des ports et lieux gĂ©ographiques les uns par rapport aux autres. Comme dans le Compasso da navigare, la description de la MĂ©diterranĂ©e commence en Espagne, se dĂ©roule d’ouest en est et s’achève au Maroc. Le dĂ©troit de Gibraltar est donc dĂ©crit d’abord au folio 3 pour la cĂ´te espagnole, puis aux folios 68vo-69ro pour la cĂ´te africaine. Sur ces cartes encadrĂ©es, orientĂ©es vers le nord et entourĂ©es des directions de la rose des vents, figurent les portions de cĂ´tes correspondantes, montrent les rivages face Ă face et permettent de visualiser les distances relatives d’un port Ă l’autre. De prĂ©cieuses indications de distances sont donnĂ©es au dĂ©but et Ă la fin du texte entre les deux rives du dĂ©troit, ainsi que des aspects du paysage utiles au navigateur Ă®le, chenal, montagne ou cap, port, forteresse. 19Ainsi, au dĂ©but du portulan, consacrĂ© Ă la cĂ´te espagnole, les noms de lieux citĂ©s et les chiffres correspondent Ă l’île de Cadix, identifiĂ©e avec l’antique Gadès/Gadira, Trafalgar, puis la distance entre Trafalgar et Ceuta Septe qui est du cĂ´tĂ© d’Afrique », puis Tarifa, le golfe d’AlgĂ©siras et le mont de Gibraltar, la distance Gibraltar/Ceuta, puis Estepona et Marbella. De la dicte seche qui est une petite isle a l’isle de Cadis qui anciennement estoit appellee Gadira a XX mile par siroc. En ladite isle a bon port lequel est au-devant de la cite de Gadira laquelle est deffaicte cest assavoir devers tramontane. Et la y a fons de six pas. Et sachez que depuis ledit port iusques a la poincte de lisle devers couchant a fons de VIII piez par canal. Dudit Cadis a Trafigara a XXX mile par siroc. Par-dessus ladicte Trafigara VII mile en mer par libech a une seche et poues passer entre la dicte seche ou la terre ou par dehors comme lon veult. De Trafigara a Septe qui est du couste d’Afrique a LX mile par siroc. De Trafigara a Tariffe a XXX mile par siroc. De Tariffe au chef d’Alzasire du cadre a V mile par levant lisle est par-dessus la ville en mer VII mile et demy et y a bon port de la part de la ville. Et VIII pas de fons du chef de levant a une seche loing du prouis qui se destent devers grec et fait port au devant de ladicte isle. De ladicte isle au mont de Gibelterre a VIII mile par siroc vers levant au devant du chasteau a bon port et fons de VIII pas. Et audit mont vers terre ferme tirant vers Alzasire a V mile ou il y a une gueule de fons plain de VII pas. Et la seurte en est bonne ledit mont se monstre forchu par le devant. Fig. 2a. — Description des cĂ´tes, des Ă®les et des ports de l’ocĂ©an Atlantique et de la mer MĂ©diterranĂ©e, vers 1500, Paris, BnF, ms. Français 2794, fo 3ro 22 BnF, ms. Français 2794, fo 3ro-vo. Audit mont de Gibelterre a Septe a XXX mile par midy vers siroc. Dudit mont iusques a Stopena a XX mile par grec vers tramontane et en ladicte Stopena y a une seche V mile en mer qui s’apelle Bequarde. De Stopena a Marbelle a XIII mile par grec22. Fig. 2b. — Description des cĂ´tes, des Ă®les et des ports de l’ocĂ©an Atlantique et de la mer MĂ©diterranĂ©e, vers 1500, Paris, BnF, ms. Français 2794, fo 3vo © Bibliothèque nationale de France 23 Selon Motzo, dans son Ă©dition de Il Compasso da navigare, pp. cxxv-cxxvii. La valeur du ... 24 Une approche intĂ©ressante de modĂ©lisation des parcours maritimes anciens e ... 25 Il Compasso da navigare, Ă©d. de Motzo, p. 4, n. 1. 20Comme dans le Compasso da navigare, traduit et adaptĂ© en français, la description procède de place en place, en donnant la direction d’un lieu Ă l’autre en fonction de la rose des vents des marins, comportant huit vents » principaux Tramontane, Grec, Levant, Siroc, Midy, Libech, Ponant, Mestral. Ces vents ne sont pas ceux qui soufflent dans les voiles, mais bien les caps vers lesquels doit se diriger le navire. Une reconstitution des distances rĂ©elles en kilomètres sur une carte actuelle calculĂ©e par le système d’information gĂ©ographique SIG permet d’évaluer rapidement la cohĂ©rence globale de ces distances et de ces orientations, mĂŞme si dans le dĂ©tail de nombreuses distorsions apparaissent carte. Si l’on prend la valeur du mille de 1 230 m, admise par B. R. Motzo pour les portulans mĂ©diĂ©vaux, la distance de traversĂ©e entre Trafalgar et Ceuta est remarquablement exacte ; pour les autres mesures, la valeur du mille oscille entre 1,2 et 1,5 km23, avec de nombreuses incohĂ©rences. Par exemple, la distance Gibraltar-Ceuta est donnĂ©e comme Ă©quivalente Ă Trafalgar-Tarifa. On imagine aisĂ©ment deux raisons au moins de ces erreurs d’abord la manière de relever les distances, puis les erreurs de transmission de ces donnĂ©es. D’une part, sur de si petites distances, les marges d’erreur sont grandes selon l’endroit exact qui sert Ă la mesure Gibraltar » dĂ©signe-t-il la pĂ©ninsule ou le rocher Ă son extrĂ©mitĂ© ? ; selon que ces distances sont calculĂ©es Ă vol d’oiseau, par visĂ©es et triangulations, ou au contraire tiennent compte des alĂ©as du parcours lorsque le navire contourne le rivage24 ; ou encore si ces distances viennent d’observations de terrain ou bien sont calculĂ©es d’après une carte, dĂ©jĂ susceptible d’approximations et de dĂ©formations. D’autre part, la copie des manuscrits entraĂ®ne souvent des erreurs, en particulier lorsqu’il s’agit de recopier des chiffres. Le Compasso da navigare comprend parfois des variantes dans les distances, notĂ©es par l’éditeur25. Carte des distances maritimes entre les principaux ports du dĂ©troit DAO D. Gherdevich. © Esri, DeLorme, HERE Tableau des directions et des distances entre les ports du dĂ©troit de Gibraltar, d’après le ms. Français 2794 Lieux Directions Distances de dĂ©part d’arrivĂ©e sur la rose des vents actuelles en milles en km 1 mille = 1 230 m navigables en km Cadix Trafalgar Siroc SE 30 36 47 Trafalgar Ceuta Siroc SE 60 73 74 Trafalgar Tarifa Siroc SE 30 36 42 Tarifa ĂŽle d’AlgĂ©siras ? Levant E 5 6, 15 27 AlgĂ©siras Mont de Gibraltar Siroc SE 8 9, 8 9 Mont de Gibraltar Ceuta Midi vers siroc SSE 30 36 25 Mont de Gibraltar Estepona Grec vers tramontane NNE 20 24,6 38 Estepona Marbella Grec NE 13 15,9 25 26 BnF, ms. Français 2794, fo 68vo De Monzema a la citĂ© de Septe a CL mile par ponant ... 27 Cette section est une traduction librement adaptĂ©e et enrichie du Liber insularum Arch ... 28 Il Compasso da navigare, Ă©d. de Motzo, pp. 78-79 Lo compli ... 29 Le manuscrit a Ă©tĂ© offert Ă François d’AngoulĂŞme, futur François Ier, dont on voit le ... 21Soulignons enfin que le portulan français ne suit pas exactement le texte italien du Compasso da navigare l’original est en effet beaucoup plus prĂ©cis pour les indications d’orientations et mentionne en outre des bancs de sable et des chiffres de profondeurs. Par ailleurs, la composition du texte n’est pas strictement identique. Dans le portulan français, le tour de la MĂ©diterranĂ©e s’achève Ă Ceuta fig. 3. La description finit par la mention des deux promontoires qui entourent le port de Ceuta la Punta Almina et Belonas » Punta Belona, Belyounech26. Au recto du folio 69, la description reprend pour quelques lignes Ă partir de l’Espagne, au nord-est de Gibraltar, entre le chef de Paulx » le cap Palo, près de Carthagène et une sĂ©rie de ports du Maghreb Alger, Oran, Tanger. Puis le portulan proprement dit s’achève et le manuscrit s’enchaĂ®ne sur une nouvelle section consacrĂ©e Ă la description des Ă®les27. La comparaison entre ce texte français et l’original italien permet de comprendre que le paragraphe sur le cap Palo est un vestige d’une partie entière du Compasso da navigare, un complĂ©ment » consacrĂ© aux traversĂ©es en droiture, d’un rivage Ă l’autre de la MĂ©diterranĂ©e28. Le traducteur a ainsi simplifiĂ© les informations trop techniques, sans doute parce que le luxueux manuscrit Français 2794 n’est pas un ouvrage destinĂ© Ă la pratique, mais un atlas gĂ©ographique d’une bibliothèque de cour29. Une partie de la cohĂ©rence de l’œuvre originale en italien y a Ă©tĂ© perdue. Fig. 3. — Description des cĂ´tes, des Ă®les et des ports de l’ocĂ©an Atlantique et de la mer MĂ©diterranĂ©e, vers 1500, Paris, BnF, ms. Français 2794, fo 68vo © Bibliothèque nationale de France Une topographie et une hydrographie prĂ©cises 22Les portulans textuels ne se contentent pas d’énumĂ©rer les toponymes cĂ´tiers ils fournissent Ă©galement des informations pertinentes sur les conditions de navigation, particulièrement difficiles dans le dĂ©troit de Gibraltar. On trouve frĂ©quemment des indications chiffrĂ©es sur les profondeurs il y a fonds de six pas » et sur la localisation des rĂ©cifs et bancs de sable, appelĂ©s secca » ou sèche » dans le Compasso da navigare et sa traduction française. Certains de ces hauts-fonds portent un nom […] Ă Estepona y a une sèche Ă cinq milles en mer qui s’appelle Bequarde ». 30 Il est donc possible que la description du courant dans le dĂ©troit corresp ... 23Plus rare est la mention des courants dans le dĂ©troit. En effet, le courant dominant entraĂ®ne les eaux de l’Atlantique d’ouest en est vers la MĂ©diterranĂ©e Ă cause de l’évaporation importante de l’eau de la mer fermĂ©e ; mais il existe Ă©galement un courant en sens inverse, plus profond. Ces courants marins opposĂ©s s’y rencontrent, crĂ©ant des turbulences qui rendent la navigation dangereuse. Ă€ cela s’ajoute le phĂ©nomène des marĂ©es ocĂ©aniques, perceptibles au moins jusqu’au golfe d’AlgĂ©siras, ainsi que des vents violents. Le texte du De viis maris fait remarquer ce phĂ©nomène, et cependant souligne le courant inverse, celui qui va de la MĂ©diterranĂ©e vers l’Atlantique30. Les vents d’ouest poussent en revanche le bateau vers l’intĂ©rieur du passage. Pour Ă©viter les turbulences provoquĂ©es par les courants contraires, le navire doit garder son cap sans s’approcher trop du rivage. 31 De viis maris, § 5, p. 195 Et est notandum quod ad introitum districtarum Affrice ... Il faut noter qu’à l’entrĂ©e du dĂ©troit d’Afrique, le courant est si fort que, si la force du vent n’est pas plus forte encore pour repousser ce courant, celui-ci empĂŞchera l’entrĂ©e du navire. Mais lorsque le navire sera entrĂ© dans le dĂ©troit d’Afrique, il ne dĂ©viera ni vers la droite ni vers la gauche, mais devra aller tout droit avec beaucoup de prĂ©cautions jusqu’à ce qu’il ait parcouru une distance de 10 milles selon l’estimation des marins, et ensuite il doit se diriger vers la gauche par rapport au navire [Ă bâbord] et tenir son cap près de l’Espagne et les territoires voisins, jusqu’à atteindre Marseille31. 24Les cartes marines localisent les bancs de sable et les hauts-fonds par un système de points rouges et de croix ; c’est une convention dĂ©jĂ prĂ©sente sur les cartes de Pietro Vesconte au dĂ©but du xive siècle et elle est conservĂ©e pour la cartographie maritime au-delĂ du xviiie siècle. En revanche, on ne trouve pas d’équivalent graphique des indications concernant les courants et les vents de tels signes apparaissent très tard, avec les chiffres des profondeurs, Ă la fin du xviie siècle. L’iconographie du dĂ©troit une frontière maritime 25Les exemples prĂ©sentĂ©s jusqu’ici soulignent la position du dĂ©troit comme seuil maritime entre l’ocĂ©an et la mer ; mais le passage est Ă©galement cartographiĂ© comme une frontière entre deux espaces terrestres, l’Espagne et le Maroc, et plus largement, deux parties du monde, l’Europe et l’Afrique. Les dimensions historiques, politiques, religieuses de cette frontière, ne sont pas oubliĂ©es. Dans le De viis maris, Ă©crit Ă l’époque des croisades, l’opposition entre deux ensembles gĂ©opolitiques affrontĂ©s est clairement soulignĂ©e 32 Ibid., § 6 Et est sciendum quod ab introitu districtarum Affrice usque ... Et il faut savoir que depuis l’entrĂ©e du dĂ©troit d’Afrique jusqu’à Ascalon, qui est près de JĂ©rusalem, toute la terre des paĂŻens se trouve Ă la droite du navire [Ă tribord], et Ă l’opposĂ©, depuis l’entrĂ©e du dĂ©troit d’Afrique jusqu’au grand mont appelĂ© Muscian, c’est l’Espagne sarrazine. Et Ă cĂ´tĂ© d’elle se trouve la voie de ceux qui vont en pèlerinage en terre de JĂ©rusalem. Et depuis le mont que l’on appelle Muscian jusqu’à Ascalon, Ă la gauche du navire [Ă bâbord] presque toute la terre est terre des chrĂ©tiens32. 26Du point de vue des paysages reprĂ©sentĂ©s sur les cartes les plus ornementales, l’opposition gĂ©ographique entre l’Europe et l’Afrique est soulignĂ©e par quelques vignettes Ă l’intĂ©rieur des terres les pavillons hĂ©raldiques, les personnages, les animaux exotiques en Afrique, participent de cette diffĂ©renciation des rivages europĂ©ens et africains. Sur certaines cartes, le peintre a reprĂ©sentĂ© quelques montagnes notamment Grenade et fleuves le Guadalquivir, en revanche le mont de Gibraltar, la plupart du temps, n’est pas caractĂ©risĂ© visuellement comme une montagne, mais seulement comme un cap ou promontoire. 33 BnF, ms. Français 2794, f° 2vo ; Il Compasso da navigare, Ă©d. ... 27Dans le manuscrit Français 2794 de la Bibliothèque nationale de France, un portulan Ă l’iconographie exceptionnelle, le peintre a choisi de reprĂ©senter le passage en accentuant les promontoires et les golfes dĂ©crits dans le texte. Le dĂ©troit apparaĂ®t ainsi comme une succession de caps sĂ©parĂ©s par des anses semi-circulaires. Selon la tradition, rĂ©cifs et Ă®lots sont mis en Ă©vidence par des croix et des points rouges autour de l’île de Cadix ; mais les hauts-fonds mentionnĂ©s sont loin d’être tous reprĂ©sentĂ©s. Le mont de Gibraltar est figurĂ© comme un rocher, surmontĂ© d’une citadelle aux toits pointus et crĂ©nelĂ©s. Le cap est figurĂ© avec trois pointes, comme une fourche, conformĂ©ment Ă la description qui se trouve dĂ©jĂ dans le Compasso da navigare ledit mont se monstre forchu par devant33 ». Les vaguelettes sont plus dĂ©coratives que descriptives, mais peuvent Ă la rigueur Ă©voquer les forts courants maritimes. Le peintre a aussi reprĂ©sentĂ© des navires, l’un au port, l’autre doublant un cap vers la MĂ©diterranĂ©e. Par ailleurs, mais de manière pas toujours cohĂ©rente, l’enlumineur a pris le parti de figurer diffĂ©remment les villes chrĂ©tiennes de style gothique et les villes de terres musulmanes avec des coupoles et des bulbes. Il adapte en cela une tradition qui remonte aux cartes catalanes du xive siècle. Bien-sĂ»r, mĂŞme au dĂ©but du xvie siècle, cette distinction ne recoupe qu’imparfaitement la frontière gĂ©ographique du dĂ©troit, et l’on se souvient que l’Espagne du sud est terre musulmane autour de Grenade jusqu’en 1492. C’est peut-ĂŞtre pour cela que Carthagène, au folio 69, est dessinĂ©e avec des toits en coupoles, rappelant l’architecture orientale. 34 La Roncière, Mollat du Jourdin Ă©d., 1984, no 68, ... 28Cette iconographie politisĂ©e, avec personnages et Ă©tendards, n’est pas limitĂ©e aux cartes mĂ©diĂ©vales ; elle a au contraire tendance Ă s’accentuer dans la production mĂ©diterranĂ©enne très ornementale des xvie et xviie siècles. Les cartes montrent alors les enjeux d’une Reconquista ibĂ©rique qui a franchi le dĂ©troit vers le sud. Par exemple, l’atlas de Diogo Homem de 1559 montre les bannières de Castille et du Portugal sur la rive africaine Ă cĂ´tĂ© d’un Ă©tendard au croissant. Au contraire, Giacomo de Maggiolo au xvie siècle oppose terme Ă terme un Maghreb musulman et ottoman Ă une Europe très romaine. La mise en scène d’une opposition politique et militaire entre les deux rives est enfin renforcĂ©e de manière spectaculaire au xviie siècle sur les cartes de Francesco Oliva le sabre contre l’épĂ©e, 1603 et Augustin Roussin 163334. 29Contrairement Ă d’autres lieux communs de la gĂ©ographie antique et biblique, l’on constate que le mythe des colonnes d’Hercule ne fait pas partie de l’iconographie des cartes marines mĂ©diĂ©vales, mĂŞme ornementales, et qu’il n’est pas Ă©voquĂ© non plus dans les portulans textuels. Si la toponymie romaine est parfois prĂ©sente Gadès, Calpe, Athlas, l’attention aux noms de lieux en langues vernaculaires est bien plus importante. Il est manifeste que le dĂ©troit de Gibraltar a très tĂ´t attirĂ© l’attention des auteurs de recueils d’instructions nautiques et de cartes marines, parce qu’il est le lieu de passage obligĂ© des navires entre l’ocĂ©an atlantique et la MĂ©diterranĂ©e et parce que la navigation y est particulièrement difficile. Cet endroit est conçu d’ailleurs comme un axe structurant des cartes, au mĂŞme titre que les dĂ©troits de la mer Noire Ă l’autre extrĂ©mitĂ© de la MĂ©diterranĂ©e. La toponymie, les distances, les courants, les ports et les rivages sont dĂ©crits avec soin ; les deux rives du dĂ©troit orientations des ports en vis-Ă -vis, distances de traversĂ©es sont mises en Ă©troite relation l’une avec l’autre. Comme souvent sur ce type de documents, l’échelle de la carte est par ailleurs lĂ©gèrement modifiĂ©e localement pour permettre d’accentuer les reliefs et les dangers de la navigation ; la forme des promontoires et des golfes est cependant simplifiĂ©e, stĂ©rĂ©otypĂ©e, pour une reprĂ©sentation plus pĂ©dagogique que vĂ©ritablement rĂ©aliste des lieux. 30La reprĂ©sentation du rocher de Gibraltar et de sa forteresse, comme dans le beau portulan illustrĂ© de la Bibliothèque nationale de France, est exceptionnelle. L’iconographie des cartes, par un jeu de vignettes et d’emblèmes, met le plus souvent l’accent sur la frontière politique et religieuse, toute relative d’ailleurs, que constitue le dĂ©troit entre une Europe globalement chrĂ©tienne et l’Afrique du Nord musulmane. Les cartes marines mĂ©diterranĂ©ennes de l’époque moderne, plus volontiers ornementales, reprennent et amplifient ces lieux communs de la cartographie mĂ©diĂ©vale, Ă destination d’un public cultivĂ©. Notes 1 La bibliographie sur les portulans et les cartes marines mĂ©diĂ©vales a Ă©tĂ© notablement enrichie depuis le catalogue de La Roncière, Mollat du Jourdin Ă©d., 1984. On peut y ajouter Campbell, 1987 ; Gautier DalchĂ©, 1995 ; Pujades i Bataller, 2007 ; Hofmann, Richard, Vagnon Ă©d., 2012 ; Vagnon, Hofmann Ă©d., 2013. 2 Fidence de Padoue, Liber de recuperatione Terrae Sanctae, Paris, BnF, latin 7242, fo 123 situs Marochii ». 3 Le dĂ©troit ouvre sur l’ocĂ©an circulaire sur de nombreuses mappemondes mĂ©diĂ©vales, en particulier mais pas seulement les mappemondes liĂ©es aux commentaires de La Guerre de Jugurtha de Salluste et de la Pharsale de Lucain. Les trois principaux noms antiques mis en valeur sur ces schĂ©mas sont Gades, et les deux promontoires Calpe et Athlas. On trouvera de nombreux exemples illustrĂ©s dans Destombes Ă©d., Mappemondes, A. D. 1200-1500 ; Chekin, 2006. Sur la glose cartographique des auteurs classiques, voir Gautier DalchĂ©, 1994. 4 Pujades i Bataller, 2013, pp. 17-25. 5 Berlin, Staatsbibliothek, Hamilton 396. Il Compasso da navigare, Ă©d. de Motzo, ainsi que l’édition revue et commentĂ©e par Debanne ; sur les plus anciens exemplaires de portulans, Gautier DalchĂ©, 1995. 6 Campbell, 1987 et Pujades i Bataller, 2007. Voir Ă©galement le recensement des cartes sur le site internet rĂ©digĂ© par T. Campbell, [disponible en ligne] ; les cartes portulans de la Bibliothèque nationale de France ont Ă©tĂ© numĂ©risĂ©es et sont visibles sur Gallica, [disponible en ligne]. 7 Gabriel de Vallseca, Majorque, 1447, BnF, CPL GE C-4607 RES ; Gabriel de Vallseca, 1449, Archivio di Stato di Firenze, CN 22 ; Pere Rossell, 1449, Karlsruhe, Badische Landesbibliothek, S. 6 Pujades i Bataller, 2007, cartes 47 et 48. 8 Bouloux, 2002, pp. 249-254. 9 Grazioso Benincasa, 1466. Atlas de la MĂ©diterranĂ©e et Atlantique, [disponible en ligne]. 10 Astengo, 2007. 11 Id., 2005, p. 24. 12 Id., 1995 et 2005, p. 29. 13 Petrus Vesconte, GĂŞnes, 1313, BnF, CPL GE DD-687 RES Recueil de six cartes, manuscrit enluminĂ© sur vĂ©lin, Ă©chelles diverses, 48 x 40 cm chacune. D’après les remarques de Pujades i Bataller, 2007, p. 475, cet axe occident-orient principal, qu’il appelle diaphragm line », se situe le plus souvent Ă la latitude de Barcelone. 14 De viis maris, Ă©d. de Gautier DalchĂ©, p. 194 Quia sciendum est quod duo introitus sunt in mari illo Mediterraneo, quorum unus est ad districtas Affrice, alter apud Constantinopolim qui dicitur brachium Sancti Georgii. Qui autem per mare in terram promissionis ire volunt, per unum istorum aditum vel per portus qui inter illos duos sunt intrare oportet. » 15 Aujourd’hui Portopi, quartier du port Ă Palma de Majorque. 16 Palma de Majorque, Arxiu del Regne de Mallorca, A. J. 474, fo 129ro-vo Cumque posito quod dicta navis nunc existens ante portum de Portopino habeat accedere et navigare ad partes Flandiarum sive ad partes de ponent, illa poteste navigare per maria distancia a dicto transitu dictarum insularum et terram Catalonie. Fundante hoc dicto venerabili Arnaldo cum quadam carta de navegar ibi hostensa et per eum patefacta, et cum quodam compĂ s signata designando maria Probencia [sic] » trad. et com. dans Vagnon, 2013, pp. 495-499. 17 De viis maris, § 4 Deinde in eadem terra Sarracenica est bonus portus Sibille qui dicitur Godelkevir, vel Udelkebir. In ascendendo superius per eundem fluvium itur ad Cordebam civitatem in qua Lucanus natus fuit. » 18 Villaverde Vega, 2001, carte p. 196. 19 De viis maris, § 6 Et est sciendum quod ex utraque parte districtarum Affrice est mons magnus, scilicet unus in Hyspania qui dicitur Calpes et alter in Affrica ex opposito qui dicitur Athlas. Et ad introitum districtarum Affrice sunt in Affrica secus mare civitates quarum nomina hec sunt Sparte, Tange, Cacerium, Muee, Boloos, Scep, que est una de nobilissimis civitatibus Affrice. Et in Hyspania, quasi ex opposito, sunt civitates et castella quarum nomina hec sunt Becke et Tele, hec villa est ad introitum districtarum in Hyspania, et Dudemarebait, Ieziratarif, Gezehakarera et Iubaltarie insula mons magnus, Mertell, Swell castellum Maurorum . [§7] Ad pedem insule Iubaltarie sunt due nobiles civitates site quarum una dicitur Alencia et altera Iuballarie et ibi est portus bonus et copia galearum. Et ibi incipit latitudo maris, ita quod vix potest videri ab una ripa in alteram, et quanto plus progreditur, tanto est mare latius. Deinde est castellum in monte situm quod dicitur Turris de Rosture. Preterea in terra regis Cordube sunt Badeluz civitas archiepiscopalis et Granata civitas et alia castella et civitates que non sunt in libro hoc. » 20 Ibid., voir le commentaire prudent de Gautier DalchĂ© dans son Ă©dition, p. 266 Becke » pourrait ĂŞtre la rivière Bakka » d’al-IdrÄ«sÄ« wadi Baguh » ou rĂo Salado », Swell castellum Maurorum » pourrait ĂŞtre Sohail », le nom arabe de Fuengirola. 21 Voir la notice rĂ©digĂ©e par Marie-Pierre Laffitte dans le catalogue [disponible en ligne], ms. Français 2794 ». Les illustrations sont reproduites dans la base mandragore, [disponible en ligne]. Il existe très peu de bibliographie l’ouvrage a Ă©tĂ© remarquĂ© ponctuellement pour ses emprunts au Liber insularum Archipelagi de Buondelmonti et pour quelques-unes de ses cartes, voir, par exemple Buondelmonti, Description des Ă®les de l’Archipel, Ă©d. de Legrand, p. xxxiii. Mais le texte est inĂ©dit et il n’existe encore aucune Ă©tude complète. Une première mise au point sur la composition du manuscrit et le contexte de rĂ©alisation dans Vagnon, 2017. 22 BnF, ms. Français 2794, fo 3ro-vo. 23 Selon Motzo, dans son Ă©dition de Il Compasso da navigare, pp. cxxv-cxxvii. La valeur du mille romain est de 1 480 m, le mille vulgaire » utilisĂ© par les navigateurs serait de 1 230 m. 24 Une approche intĂ©ressante de modĂ©lisation des parcours maritimes anciens en prenant en compte les courants et les vents est proposĂ©e par Leidwanger, 2013. Je remercie David Gherdevich pour cette rĂ©fĂ©rence. 25 Il Compasso da navigare, Ă©d. de Motzo, p. 4, n. 1. 26 BnF, ms. Français 2794, fo 68vo De Monzema a la citĂ© de Septe a CL mile par ponant vers libech et en ce chemin est golf. Et y est le chef de Capharnolit XL mile loing de Septe par levant. Du chef de Entrefort a Septe a CC mile par ponant vers libech. De Oran a la citĂ© de Septe a CCCC mile par ponant vers libech tierce de vent lessant le golf. Septe est une citĂ©, devers levant y a une montaigne qui s’appelle Myna, et une autre de ponant qui s’appelle Belonas. » 27 Cette section est une traduction librement adaptĂ©e et enrichie du Liber insularum Archipelagi de Cristoforo Buondelmonti. Voir Buondelmonti, Description des Ă®les de l’Archipel, Ă©d. de Legrand. 28 Il Compasso da navigare, Ă©d. de Motzo, pp. 78-79 Lo complimento de volgere tucta la starea. Hor è complimento de vogere tucta la starea de la terra, soè a ssavere, primaramente la Spagna, e Catalogna e Provenza e Principato e Pullia e Scravenia e tucto l’altro mare entro a Saffi. Peleio de Capo de Pali. » 29 Le manuscrit a Ă©tĂ© offert Ă François d’AngoulĂŞme, futur François Ier, dont on voit le portrait sur le frontispice fo 1. Voir la notice rĂ©digĂ©e par Marie-Pierre Laffitte dans le catalogue [disponible en ligne], ms. Français 2794 ». 30 Il est donc possible que la description du courant dans le dĂ©troit corresponde au moment du reflux de la marĂ©e vers l’Atlantique. 31 De viis maris, § 5, p. 195 Et est notandum quod ad introitum districtarum Affrice est tantus aque impetus quod, nisi vis venti fortior fuerit ad impellendum impetus aque, negabit navi ingressum. Cum autem navis ingressa fuerit districtas Affrice, non declinabit se neque a dextris neque a sinistris, sed in medio ibit tutissima donec preterierit spatium X miliarium ad estimationem nautarum, et tunc declinandum est in sinistra navigii parte et sic tenere cursum iuxta Hyspaniam et terras illi conjunctas, donec perveniatur ad Marsiliam. » 32 Ibid., § 6 Et est sciendum quod ab introitu districtarum Affrice usque ad Scalonam que est prope Iherusalem, tota terra paganorum in dextra parte navigii, et ex opposito ab introitu districtarum Affrice usque ad montem magnum qui dicitur Muscian est Hyspania Sarracenica. Et iuxta illam est via navium euntium in peregrinatione in terram Iherosolimitanam. Et a monte illo qui dicitur Muscian usque ad Scaloniam in sinistra parte navigii secus mare fere tota terra est terra christianorum. » 33 BnF, ms. Français 2794, f° 2vo ; Il Compasso da navigare, Ă©d. de Motzo, p. 4 Lo dicto monte de Gibeltari de tucte parte se mostra forcato. » 34 La Roncière, Mollat du Jourdin Ă©d., 1984, no 68, pp. 245-246 et no 83, pp. 257-258 ; Hofmann, Richard, Vagnon Ă©d., 2012, pp. 19, 22 et 82-83. Table des illustrations Titre Fig. 1. — DĂ©tail du dĂ©troit de Gibraltar, Grazioso Benincasa, Atlas de la MĂ©diterranĂ©e et de l’Atlantique, 1466, feuille 3, MĂ©diterranĂ©e occidentale », Paris, BnF, CPL GE DD-2779 RES URL Fichier image/jpeg, 184k Titre Fig. 2a. — Description des cĂ´tes, des Ă®les et des ports de l’ocĂ©an Atlantique et de la mer MĂ©diterranĂ©e, vers 1500, Paris, BnF, ms. Français 2794, fo 3ro URL Fichier image/jpeg, 101k Titre Fig. 2b. — Description des cĂ´tes, des Ă®les et des ports de l’ocĂ©an Atlantique et de la mer MĂ©diterranĂ©e, vers 1500, Paris, BnF, ms. Français 2794, fo 3vo LĂ©gende © Bibliothèque nationale de France URL Fichier image/jpeg, 128k Titre Carte des distances maritimes entre les principaux ports du dĂ©troit LĂ©gende DAO D. Gherdevich. © Esri, DeLorme, HERE URL Fichier image/jpeg, 38k Titre Fig. 3. — Description des cĂ´tes, des Ă®les et des ports de l’ocĂ©an Atlantique et de la mer MĂ©diterranĂ©e, vers 1500, Paris, BnF, ms. Français 2794, fo 68vo LĂ©gende © Bibliothèque nationale de France URL Fichier image/jpeg, 109k Auteur UMR 8589 – LAMOP, Paris Du mĂŞme auteur Les cartes marines, xive-xviie siècle une appropriation de l’espace maritime in Entre idĂ©el et matĂ©riel, Éditions de la Sorbonne, 2018 Le dĂ©partement des Cartes et Plans de la Bibliothèque nationale de France et le programme MeDIan cartographie de l’ocĂ©an Indien in Parcourir le monde, Publications de l’École nationale des chartes, 2013 L’apport du voyage en Terre sainte au savoir gĂ©ographique in Le voyage au Moyen Ă‚ge, Presses universitaires de Provence, 2017 Tous les textes
Lasérie d’articles sur le récit de la vie et des voyages des voyageurs arabes vise à donner une image de l’Orient médiéval narrée par ses auteurs qui ont arpenté les villes et les endroits reculés de leur temps. A travers leurs lignes, la topographie et les particularités des lieux autant que les coutumes et les usages de leurs habitants prendront corps dans nos esprits et
Accueilmots croisésrecherche par définition Rechercher dans le dictionnaire Solutions pour les mots croisés et les mots fléchés Définition Lettre connue Utilisez la barre espace en remplacement d'une lettre non connue Solution pour la résolution de "mer de la méditerranée" Dictionnaire et définitions utilisés Définition 86 mots associés à mer de la méditerranée ont été trouvé. Lexique aucune lettre connue saisie Résultat 1 mots correspondants Définition et synonyme en 3 à 9 lettres EGEE4 lettresNom propre Égée MythologieMer de la méditerranéeRoi d'AthènesPère de ThéséeMer de GrèceIl fut père et devint merEntre la grèce et la turquieVieux plongeur en merRoi légendaire d'Athènes SAR3 lettresIl se pêche en méditerranéeDorade du MidiVoisin de la dauradePoisson méditerranéenPoisson comestibleOn le vend sur la criée de marseille SARS4 lettresIl se pêche en méditerranéePoissons de MéditerranéeDorade du MidiPoissons méditerranéensDes proches de la doradeVoisin de la dauradePoisson méditerranéenPoisson comestibleOn le vend sur la criée de marseille LOUP4 lettresPrénom Loup MasculinNom commun loup masculin singulier1. Animal Mammifère carnivore de la famille des canidés, vivant à l'état sauvage, généralement en groupe, en Eurasie et en Amérique du Nord la tanière du loup2. Animal Poisson de grande taille de l'océan Atlantique, caractérisé par des dents puissantes et nombreuses, des écailles rondes et rudimentaires et une absence de nageoire ventrale, connu pour sa voracité, et dont la chair est prisée. pêcher un loup dans un filet3. Masque utilisé pour dissimuler le haut du Machine pourvue de longues dents servant à fendre la laine avant de la de la méditerranéeUn proche du chienPoisson voraceMasque de veloursMammifère carnivore MALTE5 lettresToponyme Malte nom du paysétat insulaire de la MéditerranéeSa capitale est la valette CAUCASE7 lettresToponyme Caucase Massif et chaîne de montagneMontagne entre la mer Noire et la mer CaspienneChaîne des ossètes ETESIEN7 lettresVent en MéditerranéeVent périodique annuelVent frais sur la merTel un vent saisonnierTel un souffle d'été PICAREL7 lettresPoisson de la Méditerranée POLACRE7 lettresAncien navire de la Méditerranée TARTANE7 lettresNom commun tartane féminin singulier1. Marine Petit bâtiment à l'arrière élancé en usage sur la mer Méditerranée pour le transport et la pêche et qui porte une voile de MéditerranéeElle est parfaite pour le cabotageBateau de pêche FELOUQUE8 lettresPetit bâtiment de la Méditerranée GIBRALTAR9 lettresToponyme Gibraltar Gibraltar villeDétroit réunissant l'atlantique à la méditerranée CAP3 lettresS'avance dans la merUn chef totalement dépasséParfois difficile à franchirMaintenu par l'homme à la barreLimite à franchirIndication de boussoleDirection à suivreDiplôme professionnelCertains ont du mal à le passer IODE4 lettresAir de la merMetalloïde très volatilTel l'air marinOn en fait une teintureIl est bien senti au pays des riasCorps à teintureBon désinfectant BULOT5 lettresFruit de merEscargot de mer DREGE5 lettresGrand filet pour pêcher au fond de la merFilet de pêchePeigne ou filetGrand filet EUXIN5 lettresToponyme Pont-Euxin région ou départementPont pour la mer noire NEREE5 lettresNom propre Nérée Mythologie1. Mythologie Dieu marin de la Grèce antique, fils de Pontos et de Gaïa, marié à Doris et père des 50 vieillard de la merVieux marinSes filles secouraient les marinsSes 50 filles étaient comme des poissons dans l'eauMythe marinIl fut le dieu grec de la merFils de GaïaDieu de la merDieu parmi les moutons RECIF5 lettresDanger en merDanger pour le skipperRocher qui affleureObstacle naturel EGEEN5 lettresRelatif à une mer au nom de roiAncien grec EIDER5 lettresPrénom Eider FémininNom commun eider masculin singulier1. Animal Espèce de canard du nord de l'Europe qui fournit l' de merCanard douilletSon duvet sert à faire des doudounesIl fournit de quoi faire des édredonsCanard nordiqueCanard à couette
PDF| Depuis 1970, lors de la reconnaissance initiale par forage de la partie sommitale des évaporites messiniennes en Méditerranée occidentale, la | Find, read and cite all the research you
éducatif Histoire géographie Détroit de Gibraltar Le détroit de Gibraltar permet à la Mer Méditerranée et à l’Océan Atlantique de communiquer et il s’agit en réalité d’une ouverture qui permet aux eaux provenant de l’océan et de la mer de venir combler le solde négatif de la Méditerranée en le remplissant et en créant un passage maritime. L’océan Atlantique comme ses congénères est sujet à des marées imposantes alors que la mer Méditerranée comme la plupart des mers ne subit que des marées d’une faible de la mer Méditerranée est très peu sujette aux marées et cela est du au fait de la faible distance et de la petite quantité d’eau par rapport aux marée stoppe à l’entrée du détroit de Gibraltar car l’étroitesse de ce dernier gêne et empêche l’onde de marée de passer. Question de sullivan Réponse de Mod-Steph - Mis à jour 30/12/2008 Les 5 questions précédentes Explic utilise des cookies sur son site. En poursuivant votre navigation sur vous en acceptez l'utilisation. En savoir plus
Le23 janvier 2022, la Frégate La Fayette (FLF) Guépratte a rejoint l’opération AGÉNOR, pilier militaire de la mission EMASoH « European-led Maritime Awareness in the Straight of Hormuz », sous le commandement tactique de l’état-major européen actuellement dirigé par la
Bonjour, Comme vous avez choisi notre site Web pour trouver la réponse à cette étape du jeu, vous ne serez pas déçu. En effet, nous avons préparé les solutions de CodyCross Détroit réunissant l’Atlantique à la Méditerranée. Ce jeu est développé par Fanatee Games, contient plein de niveaux. C’est la tant attendue version Française du jeu. On doit trouver des mots et les placer sur la grille des mots croisés, les mots sont à trouver à partir de leurs définitions. Le jeu contient plusieurs niveaux difficiles qui nécessitent une bonne connaissance générale des thèmes politique, littérature, mathématiques, sciences, histoire et diverses autres catégories de culture générale. Nous avons trouvé les réponses à ce niveau et les partageons avec vous afin que vous puissiez continuer votre progression dans le jeu sans difficulté. Si vous cherchez des réponses, alors vous êtes dans le bon sujet. Le jeu est divisé en plusieurs mondes, groupes de puzzles et des grilles, la solution est proposée dans l’ordre d’apparition des puzzles. Vous pouvez également consulter les niveaux restants en visitant le sujet suivant Solution Codycross GIBRALTAR Nous pouvons maintenant procéder avec les solutions du sujet suivant Solution Codycross Planète Terre Groupe 8 Grille 5. Si vous avez une remarque alors n’hésitez pas à laisser un commentaire. Si vous souhaiter retrouver le groupe de grilles que vous êtes entrain de résoudre alors vous pouvez cliquer sur le sujet mentionné plus haut pour retrouver la liste complète des définitions à trouver. Merci Kassidi Amateur des jeux d'escape, d'énigmes et de quizz. J'ai créé ce site pour y mettre les solutions des jeux que j'ai essayés. This div height required for enabling the sticky sidebar
Arreterle combat entre l'Atlantique et les Alpes pour mettre un terme a la deroute, cet acte militaire et local eut ete justifie. Il appartenait au commandement des forces interessees, quitte a ce que la tete en fut changee, de faire le necessaire sur ordre du gouvernement. Celui ci aurait gagne Alger en portant le tresor de la souverainete francaise, qui, depuis 14 siecles, n'avait
Vous pouvez utiliser cette photo libre de droits "Détroit de Gibraltar un navire au loin et la côte marocaine dans les eaux qui relient l'Espagne au Maroc, le tronçon de mer qui relie l'océan Atlantique à la mer Méditerranée" à des fins personnelles et commerciales conformément à la licence Standard ou Étendue. La licence Standard couvre la plupart des cas d’utilisation, comprenant la publicité, les conceptions d’interface utilisateur et l’emballage de produits, et permet jusqu’à 500 000 copies imprimées. La licence Étendue autorise tous les cas d’utilisation sous la licence Standard avec des droits d’impression illimités et vous permet d’utiliser les images téléchargées pour la vente de marchandise, la revente de produits ou la distribution pouvez acheter cette photo et la télécharger en haute définition jusqu’à 4303x2748. Date de l’upload 12 août 2017
Leniveau moyen de l'Atlantique est plus haut que celui de la Méditerranée d'environ 15 cm, selon les résultats de mesures effectuées simultanément par des géomètres-experts sur une quarantaine de points du littoral français en 2016, rendus publics jeudi. L'ordre des géomètres-experts (OGE) avait mesuré en mai 2016 le niveau de la
Codycross est un jeu mobile dont l'objectif est de trouver tous les mots d'une grille. Pour cela, vous ne disposez que des définitions de chaque mot. Certaines lettres peuvent parfois être présentes pour le mot à deviner. Sur Astuces-Jeux, nous vous proposons de découvrir la solution complète de Codycross. Voici le mot à trouver pour la définition "Détroit réunissant l'Atlantique à la Méditerranée" groupe 8 – grille n°5 Gibraltar Une fois ce nouveau mot deviné, vous pouvez retrouver la solution des autres mots se trouvant dans la même grille en cliquant ici. Sinon, vous pouvez vous rendre sur la page sommaire de Codycross pour retrouver la solution complète du jeu. 👍
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