Aumilieu du 19Ăšme siĂšcle, la thĂ©orie de Marx de la lutte des classes et de l'inĂ©galitĂ© a Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©e, la thĂ©orie des formations socio-Ă©conomiques, selon laquelle la contradiction principale de la sociĂ©tĂ© est la propriĂ©tĂ© privĂ©e, dont la destruction conduirait Ă  la disparition des classes. A Weber en mĂȘme temps crĂ©e sa

mercredi, 01 mars 2017 1419 Marx, la recette de la lutte des classes Explication sur le principe de la lutte des classes selon Marx. Partagez Add to Google Buzz Add to Facebook Add to Delicious Digg this Add to Reddit Add to StumbleUpon Add to MySpace Add to Technorati Ajouter un Commentaire Veuillez noter que votre commentaire n'apparaßtra qu'aprÚs avoir été validé par un administrateur du site. Attention Cet espace est réservé à la mise en perspective des articles et vidéos du site. Ne seront donc acceptés que les commentaires argumentés et constructifs rédigés dans un français correct. Aucune forme de haine ou de violence ne sera tolérée.
Sil’historien Raymond Huard revient sur le centenaire en 1918, le philosophe Jacques Bidet s’interroge, lui, sur la « trace fĂ©conde » de Marx, Ă©voquant Foucault, Althusser et Bourdieu. L’entretien de Raoul Peck place ce hors-sĂ©rie dans le faisceau de lumiĂšre du film le Jeune Karl Marx. Un numĂ©ro Ă  se procurer absolument.
Download Free PDFDownload Free PDFDownload Free PDFDaphnĂ©e EncinasThis PaperA short summary of this paper37 Full PDFs related to this paperDownloadPDF PackPeople also downloaded these PDFsPeople also downloaded these free PDFsPeople also downloaded these free PDFsHistoire des idĂ©es politiquesby Y'Ă€ HyùàDownload Free PDFView PDFLe capitalisme peut-il survivre?by Yves-Marie AbrahamDownload Free PDFView PDFManifeste du Parti communiste et PrĂ©faces du Manifesteby JĂ©rĂŽme BayerDownload Free PDFView PDFDestin, genĂšse et stratĂ©gie du Manifesteby Dardot Pierre and Christian LavalDownload Free PDFView PDFDestin et stratĂ©gie du Manifesteby Christian LavalDownload Free PDFView PDFProgram of World Commune French language last versionby Johan StoneDownload Free PDFView PDFPhilippe. A – Fiche de lecture Le manifeste du parti communiste – FĂ©vrier 2007 1 Observatoire du Management Alternatif Alternative Management Observatory __ Fiche de lecture Le manifeste du parti communisteby Gilbert MukwangaDownload Free PDFView PDFThe communist manifestoby Summer SunriseDownload Free PDFView PDFManifeste du Parti communisteby Matthieu DecroĂ«sDownload Free PDFView PDFRELATED PAPERSMarx et la forme politique de l'Ă©mancipationby Stathis KouvelakisDownload Free PDFView PDFKarl Marx – Friedrich Engelsby florian hareautDownload Free PDFView PDFThe Manifesto of the Communist Partyby Summer SunriseDownload Free PDFView PDFL'etude du materialisme historiqueby Safiatou BoudaDownload Free PDFView PDFLĂ©nine et la philosophieby Kym LymburnerDownload Free PDFView PDFBRÉSIL DĂ©bat sur l'anarcho-marxisme. Carlos Moreira/Nildo Vianaby RenĂ© BerthierDownload Free PDFView PDFKarl Marx, inventeur de la thĂ©orie des classes sociales » ?by Cem ÖzatalayDownload Free PDFView PDFKarl Marxby Heinz DuthelDownload Free PDFView PDFKarl Marx Engels , Hegel , Ricardo , DĂ©mocrite , Épicure , LucrĂšce , Rousseau , Kant , Smith , Spinoza , Goethe , Saint-Simon , Fourier , d'Holbach , HelvĂ©tius , Feuerbach , Balzac Max Stirner , Proudhon , Gracchus Babeufby Heinz DuthelDownload Free PDFView PDFOU BIEN
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DĂ©finitionde la lutte des classes La lutte des classes est le concept principal utilisĂ© par Karl Marx (1818-1883) dans le "Manifeste du Parti communiste". Il dĂ©crit une situation oĂč les classes sociales que sont la bourgeoisie et le prolĂ©tariat, s'opposent fortement, voire violemment en raison de l'exploitation de la seconde par la premiĂšre qui possĂšde le capital.
Marx revient ! Ou plutĂŽt la lutte des classes, avec la publication, par l’un de ces brillants autant qu’irritants polĂ©mistes dont la France intellectuelle a le secret, Emmanuel Todd, d’un ouvrage 1 intitulĂ© justement Les Luttes de classes en France au XXIe siĂšcle. Finies, les analyses de JĂ©rĂŽme Fourquet ? Qu’est-ce Ă  dire ? Pour Emmanuel Todd, les gilets jaunes, nos splendides gilets jaunes », ont Ă©tĂ© une sorte d’évĂ©nement inespĂ©rĂ©. Pourquoi ? Parce qu’ils ont remis l’économique au premier rang. Finies, donc, pour notre auteur, les analyses d’un JĂ©rĂŽme Fourquet 2 faisant Ă©tat d’une France fragmentĂ©e, en archipel. Non, la fracture est Ă©conomique – et Ă©ducative. Elle permet de dessiner une sociĂ©tĂ© plus homogĂšne qu’on ne croit, avec une Ă©lite pesant pour 1 % de la population, nommĂ©e aristocratie stato-financiĂšre » un mix entre la finance et les grands corps d’État, dont Emmanuel Macron, on l’aura compris, serait le prototype, une petite bourgeoisie de cadres et professions intellectuelles en voie de dĂ©classement les losers » !, une masse ...Lire la suite sur le blog Une foi par semaine.
Maisla progressivitĂ© de l’impĂŽt, la fiscalitĂ© sur le patrimoine, et surtout l’ingĂ©rence permanente de la politique Ă©conomique dans la vie des entreprises empĂȘchent des millions de gens d’y voir clair dans la logique de l’entreprise, dans le rĂŽle de l’entrepreneur et des actionnaires, dans la nature du profit. Ils se laissent alors emporter par des discours et des croyances

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ParBertrand Gaufryau, proviseur d'établissement
Edit Capitalisme petit topo graphique TV Mini Series Marx, la recette de la lutte des classes 2014 Plot Showing all 0 items Jump to Summaries It looks like we don't have any Plot Summaries for this title yet. Be the first to contribute! Just click the "Edit page" button at the bottom of the page or learn more in the Plot Summary submission guide. Synopsis It looks like we don't have a Synopsis for this title yet. Be the first to contribute! Just click the "Edit page" button at the bottom of the page or learn more in the Synopsis submission guide. See also Taglines Synopsis Plot Keywords Parents Guide Getting Started Contributor Zone » Contribute to This Page
Retrouveztout ce que vous devez savoir sur le livre Karl Marx, la lutte des classes et le capital de de 50 minutes : résumé, couverture, notes et critiques des membres Kifim.
Une Ă©tude de l'Insee indique que l'Ă©cart entre les plus riches et les plus pauvres en France est de prĂšs de 13 ans chez les hommes et de 8 ans chez les femmes. Un Ă©cart qui n'est pas prĂšs de se rĂ©duire avec la politique du gouvernement."Il y a une guerre des classes, c’est un fait. Mais c’est ma classe, celle des riches, qui mĂšne cette guerre et nous sommes en train de la gagner". Ces propos de l'États-unien Warren Buffet, deuxiĂšme fortune mondiale, dans les annĂ©es 2000, ont une rĂ©sonance particuliĂšre avec l'Ă©tude de l'Institut national de la statistique et des Ă©tudes Ă©conomiques Insee sur les liens entre niveau de vie et espĂ©rance de vie. Cette Ă©tude, publiĂ©e mardi 6 fĂ©vrier cf lien n°1, indique que l'espĂ©rance de vie des 5% les plus riches hommes en France est de 84,4 ans, contre 71,7 ans les 5% les plus pauvres hommes. Soit un Ă©cart de 12,7 ans. Chez les femmes, l'Ă©cart est 8,3 ans 88,3 ans d'espĂ©rance de vie chez les 5% des femmes les plus riches contre 80 ans chez les 5% des femmes les plus pauvres.AccĂšs inĂ©galitaireQu'est-ce qui peut expliquer l'existence de tels Ă©carts entre les plus riches et les plus pauvres? Selon l'Insee, les plus riches bĂ©nĂ©ficieraient d'un meilleur accĂšs aux soins, aux services de santĂ©, ainsi qu'un meilleur traitement mĂ©dical en raison de leur meilleur niveau de vie, lui-mĂȘme reliĂ© Ă  la condition sociale des personnes cadre, professions supĂ©rieures, etc. et au niveau de diplĂŽme. L'effet du diplĂŽme est trĂšs marquant. Selon l'Insee, les personnes diplĂŽmĂ©es du supĂ©rieur ont un risque de dĂ©cĂšs infĂ©rieur de 14% Ă  celui de personnes ayant un CAP, un BEP; tandis que des personnes sans diplĂŽme ont un risque de dĂ©cĂšs supĂ©rieur de 12% Ă  celui des personnes ayant un CAP, un de la localisation joue Ă©galement sur l'inĂ©galitĂ© devant la mort. L'Île-de-France, la rĂ©gion la plus riche de l'hexagone, est celle qui prĂ©sente le moins de risque de dĂ©cĂšs, Ă  Ăąge et sexe donnĂ©s, mais si on enlĂšve l'effet du niveau de vie, l'Île-de-France se retrouve en-dessous de la moyenne des risques de dĂ©cĂšs par rĂ©gion, tandis que l'Occitanie, sans effet du niveau de vie, est la rĂ©gion qui concentre le moins de risques de dĂ©cĂšs. Par contre, dans tous les cas, la rĂ©gion qui prĂ©sente le plus de risque de dĂ©cĂšs est les Hauts-de-France. Si on complĂšte les donnĂ©es de l'Insee avec celles de l'ordre des mĂ©decins sur la densitĂ© mĂ©dicale cf lien n°2, on peut remarquer que l'Île-de-France est la rĂ©gion hexagonale concentrant le plus de mĂ©decins, devant la Provence-Alpes-CĂŽte d'Azur et l'Occitanie, tandis que les Hauts-de-France font partie des rĂ©gions ayant le moins de toubibs. MĂȘme si le lien entre niveau de vie et prĂ©sence mĂ©dicale n'est pas absolu Ă  100%, il n'est pas Ă  sĂ©cu Ă  deux vitessesÀ l'heure oĂč le pouvoir en place lance une politique de rĂ©duction des dĂ©penses publiques avec des postes de fonctionnaires qui doivent sauter, Ă  ses yeux, et de rĂ©duction des prĂ©lĂšvements obligatoires pour les plus riches, c'est un renforcement d'une SĂ©curitĂ© sociale Ă  deux vitesses qui s'opĂšre. En effet, la principale ressource de la SĂ©cu est la cotisation sociale. Or, sous prĂ©texte du manque de compĂ©titivitĂ© de l'Ă©conomie, de nouvelles rĂ©ductions, voire exonĂ©rations de cotisations sociales ont vu le jour pour le budget 2018 de la SĂ©cu. Et pour ne pas trop affaiblir ce service public, le gouvernement a renforcĂ© la Contribution sociale gĂ©nĂ©ralisĂ©e, fiscalisant encore plus la SĂ©cu et la rendant encore plus dĂ©pendante de l' baisse des recettes accompagnĂ©e de dĂ©penses qui ne vont pas stagner de sitĂŽt car l'accĂšs aux services de la SĂ©cu sera davantage disponible pour les plus riches. Et comme ce sont eux qui ont une espĂ©rance de vie plus longue que les plus pauvres, il n'est pas illogique que ce sont eux qui provoquent le "trou de la SĂ©cu". Et ce, d'autant plus que les vagues de rĂ©formes des retraites de ces derniĂšres annĂ©es font que les plus pauvres auraient Ă  peine atteint l'Ăąge de la retraite qu'il n'auraient pas le temps de profiter de ce salaire Ă  vie, pour reprendre ce thĂšme cher Ă  l'Ă©conomiste et sociologue Bernard Friot, qui les rend indĂ©pendants du chantage Ă  l'emploi fait durant leur "vie active". Et encore plus en fonction des rĂ©gions et de leur niveau de richesse, permettant d'attirer ou non des cette Ă©tude de l'Insee peut ĂȘtre salutaire pour comprendre combien les mĂ©canismes du capitalisme sont mortels pour les dominĂ©s.

citation1. L' histoire de toute société jusqu 'à nos jours n'a été que l' histoire de la lutte des classes. Manifeste du parti communiste (1848) de. Karl & Engels, Friedrich Marx. Références de Karl & Engels, Friedrich Marx - Biographie de Karl & Engels, Friedrich Marx. Plus sur cette citation >> Citation de Karl & Engels, Friedrich

Le capitalisme a poussĂ© si loin les logiques d’appropriation privĂ©e que la question de la propriĂ©tĂ© semble Ă  nouveau Ă  l’ordre du jour. Les vaccins ne devraient-ils pas ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des biens communs ? Peut-on Ă©viter la catastrophe climatique sans remettre en cause l’appropriation capitaliste de la nature ? Reste que la propriĂ©tĂ© est souvent perçue comme un problĂšme essentiellement Ă©conomique. Or, dans la pensĂ©e de Marx, elle est aussi et fondamentalement une question politique et stratĂ©gique. Comme le montre ici Isabelle Garo, le communisme dont il formule l’exigence suppose, non simplement un acte juridique instituant la propriĂ©tĂ© collective, mais un processus social de subversion des rapports de production capitaliste et une volontĂ© collective – et hautement politique – d’appropriation. C’est cela qu’il nous faut retrouver, dans l’urgence que nous impose la crise multiforme du capitalisme. *** Revenir sur la propriĂ©tĂ© L’analyse du mode de production capitaliste proposĂ©e par Marx, du fait mĂȘme de la globalité et de la radicalitĂ© de la crise qui affecte aujourd’hui notre monde, tend Ă  retrouver sa pertinence pour un nombre croissant de personnes, jusque dans le camp libĂ©ral. Mais on sĂ©pare en gĂ©nĂ©ral, voire on oppose, son analyse Ă©conomique et son projet politique. Ce que Marx nomme le communisme », se trouve ainsi rĂ©duit Ă  la seule abolition de la propriĂ©tĂ© privĂ©e des moyens de production, en Ă©vacuant la question de l’articulation entre critique radicale du capitalisme et construction progressive d’une alternative, construction impliquant l’ensemble des exploitĂ©es et des dominĂ©es. Pourtant, prĂ©cisĂ©ment lorsqu’il traite de la question de la propriĂ©tĂ©, Marx propose une approche fondamentalement politique et stratĂ©gique de la question communiste, qui reste largement mĂ©connue. C’est cette dimension stratĂ©gique qu’il s’agit ici d’aborder, en partant de la question de la propriĂ©tĂ© et des communs, qui se trouve depuis quelques annĂ©es remise au centre de la rĂ©flexion contemporaine sur les alternatives. En effet, cette question de la propriĂ©tĂ© est dĂ©sormais le lieu d’un dĂ©bat trĂšs vif, qui porte sur le ou les commun-s, mais aussi sur la question des services publics, de leur dĂ©fense et de leur redĂ©finition. Face à l’assaut des politiques néolibérales lancĂ©es depuis quatre dĂ©cennies contre le droit du travail, face au démantèlement des secteurs publics, école, santé, transport, mais aussi face à la puissance des acteurs juridiques et politiques qui en sont le relais – États nationaux, construction européenne, traités internationaux, institutions financières et politiques mondiales, etc. – et à l’accaparement capitaliste de la nature, il apparaĂźt urgent de réexplorer les voies d’une alternative situĂ©e sur ce terrain et partant des contestations qu’on y rencontre. S’y ajoute le fait que, dans le cadre du capitalisme contemporain, le droit de propriété présente des enjeux nouveaux, qui conduisent notamment à l’inflation sans précédent des brevets et à l’emprise du droit de propriété intellectuelle, au seul bénéfice des grandes entreprises internationales, s’emparant du vivant, de l’intelligence collective, de l’activité sociale en général. Les profits gĂ©nĂ©rĂ©s par les vaccins contre la Covid-19 sont indissociables des barriĂšres mises Ă  leur accĂšs libre et universel de par le monde. En guise de riposte, et dans une situation de faiblesse historique du mouvement ouvrier organisĂ© traditionnel, on assiste depuis quelques décennies au redéploiement d’une réflexion économique et juridique, qui multiplie les suggestions tout en contournant Ă  la fois la question de leur compatibilitĂ© mutuelle ainsi que la question stratĂ©gique du rapport de forces nĂ©cessaires Ă  leur concrĂ©tisation au pluriel ou au singulier, salaire à vie ou allocation universelle, coopératives, décroissance, réduction du temps de travail, taxes sur les transactions financières, etc. Il n’en demeure pas moins que la thématique de la propriété émerge de nouveau sous une forme renouvelée, après une longue éclipse et son quasi-abandon par la majoritĂ© des organisations politiques de gauche. Antonio Negri propriĂ©tĂ© et autonomie Sur ce plan, l’approche de Toni Negri continue de susciter l’intĂ©rĂȘt. Il est utile de la rĂ©sumer Ă  grands traits afin de voir en quoi elle interroge le marxisme sur le terrain de l’analyse de la propriĂ©tĂ©, mais aussi sur le terrain politique et stratĂ©gique de la transformation sociale. On rencontre cette analyse en particulier dans la trilogie rédigée entre 2000 et 2009 en collaboration avec le théoricien américain Michael Hardt Empire, Multitude et Commonwealth. La mutation en cours du capitalisme rend selon eux inopérantes les vieilles options socialistes et communistes. Leur objectif est donc de repenser la politique dans le cadre de la mondialisation capitaliste, en considérant cette dernière comme une évolution finalement plus positive et prometteuse qu’inquiétante, pour qui sait en repérer les tendances souterraines. Negri n’hĂ©site pas Ă  affirmer, sur un mode euphorique, que L’Empire gère des identités hybrides, des hiérarchies flexibles et des échanges pluriels, en modulant ses réseaux de commandement. Les couleurs nationales distinctes de la carte impérialiste du monde se sont mêlées dans l’arc-en-ciel mondial de l’Empire »[1]. Pour Negri et Hardt, l’Empire est donc devenu une réalité planétaire, thĂšse qu’ils opposent aux théories marxistes de l’impérialisme. Car si l’Empire détient bien un réel pouvoir d’oppression, il présenterait surtout des potentialités de libération, qui condamnent à la péremption les anciennes hypothèses politiques de dépassement du capitalisme, la disparition de ce dernier Ă©tant d’ores et déjà en cours L’Empire prétend être le maître de ce monde parce qu’il peut le détruire quelle horreur et quelle illusion ! En réalité, nous sommes maîtres du monde parce que notre désir et notre travail le régénèrent continuellement »[2]. Autrement dit, il s’agirait simplement de prendre acte des tendances à l’Ɠuvre et de les réorganiser et de les réorienter vers de nouvelles fins »[3]. Outre l’optimisme forcené qui marque cette proclamation, le grand tournant politique concerne la nature de la conflictualité sociale et la thèse marxiste de la lutte des classes, remplacée par la thématique de la multitude. Une telle affirmation, défendue et maintenue en dépit de tous les travaux sociologiques qui la démentent, vise à étayer l’affirmation de la disparition de la classe ouvrière comme réalité sociale et politique et par suite comme sujet rĂ©volutionnaire potentiel. La perspective d’une abolition politique du capitalisme se trouve remplacée par l’appel à la simple réorientation de sa gestion et par le souhait d’une amplification de ses tendances immanentes, censĂ©es conduire d’elles-mĂȘmes au communisme. L’argumentaire des nĂ©gristes tourne autour des questions de la propriĂ©tĂ© et de l’autonomie. Il repose sur l’idée que le travail immatériel, qui tendrait à se généraliser, implique immédiatement interaction et coopération sociales », à la différence des formes antérieures du travail, organisées et disciplinées de l’extérieur. Pour Negri, être communiste, c’est avant tout être contre l’État ». Cette opposition à l’État, qui reflĂšte et justifie l’abandon politique de la redoutable question de sa conquĂȘte et de sa destruction, implique l’opposition aux formes privées de la propriété, mais tout aussi bien à ses formes publiques. Le commun se présente avant tout comme travail commun, incarnant le communisme en acte contre tous ses détournements, qu’ils soient capitalistes ou socialistes. Le commun ainsi redĂ©fini englobe aussi les langages que nous créons, les pratiques sociales que nous instaurons, les modes de socialité qui définissent nos relations, etc. »[4]. À distance du concept traditionnel de bien commun, c’est ici sur la coopération que l’accent est mis le travail cognitif et affectif produit en règle générale une coopération indépendamment de l’autorité capitaliste, y compris dans les circonstances où l’exploitation et les contraintes sont les plus fortes, comme dans les centres d’appels ou les services de restauration »[5]. Negri et Hardt ne craignent donc pas d’affirmer que l’autonomie se détecte dès à présent au sein des secteurs les plus typiquement capitalistes où les salariés sont les plus exploités et précarisés, rien n’étant dit des conditions de travail et de salaire, ni du maintien massif des formes taylorisées de la production. En dĂ©pit de son succĂšs persistant, une telle conception est en train de vieillir Ă  vive allure du fait de son Ă©cart croissant avec les effets des politiques nĂ©olibĂ©rales. Mais le mĂ©rite des analyses de Negri et Hardt est d’inviter Ă  relire la thĂ©orisation de la propriĂ©tĂ© par Marx dont ils placent la critique au centre de leur approche. Marx, penseur de la dĂ©possession En matiĂšre d’analyse critique de la propriĂ©tĂ© capitaliste, Marx et Engels sont bien entendu des auteurs incontournables, mais il faut commencer par rappeler que la question de la propriĂ©tĂ© se situe au cƓur des traditions socialiste et communiste, dĂšs leur naissance. Dans l’Ɠuvre de Marx, la question de la propriĂ©tĂ© est omniprĂ©sente elle Ă©volue progressivement vers une dĂ©finition originale de la propriĂ©tĂ© collective combinĂ©e Ă  une dĂ©fense de la propriĂ©tĂ© individuelle comme condition de l’émancipation des individus en tant que tels. Dans les paragraphes qui suivent, on abordera rapidement cette seule dimension politique et sa transformation. DĂšs les annĂ©es 1840, Marx s’efforce tout d’abord d’articuler la question philosophique de l’aliénation, qu’il hĂ©rite de Hegel et des Jeunes-HĂ©gĂ©liens, à une dénonciation précisée de la propriété privée synonyme de dĂ©possession, mais aussi d’aliĂ©nation fondamentale des travailleurs son analyse de la loi sur les vols de bois, imposĂ©e par la DiĂšte rhĂ©nane en 1842, est le coup d’envoi de cette rĂ©flexion. On y voit naĂźtre la thématique de la réappropriation – réappropriation des richesses, mais aussi et surtout réappropriation de soi – qui relie ces dimensions, avant de prendre la forme d’un projet politique alternatif. Mais de façon Ă  premiĂšre vue surprenante, au moment mĂȘme oĂč il se rĂ©clame du communisme, Marx dénonce dans les Manuscrits de 1844, le communisme grossier » comme volonté unilatérale et obsessionnelle d’abolition de la propriété privée, restant de ce fait même assujetti à cette dernière. Ce communisme de première génération, d’ascendance babouviste, reste fondamentalement, aux yeux de Marx, un individualisme et un égoïsme, simple généralisation et achèvement » de la propriété privée, qui n’a pas encore saisi l’essence positive de la propriété privée », ni la nature humaine du besoin »[6]. La prise en compte de cette essence positive » laisse entrevoir une autre abolition, non pas négation simple, mais négation de la négation, qui prend en compte l’ensemble des rapports de l’homme à lui-même ainsi qu’à la nature, offrant la vraie solution de l’antagonisme entre l’homme et la nature, entre l’homme et l’homme, la vraie solution de la lutte entre existence et essence, entre objectivation et affirmation de soi, entre liberté et nécessité, entre individu et genre. Il est l’énigme résolue de l’histoire et il se connaît comme cette solution »[7]. Une fois surmontĂ© le caractĂšre d’abord abstrait et philosophique d’une telle conception, le communisme ne peut être conçu comme la simple abolition de ce qui est, mais comme la reprise rĂ©ellement critique de toute la richesse du développement antérieur », comme la réélaboration des rapports sociaux existant à partir d’eux-mêmes. Cela vaut pour la propriété privée, dont Marx considĂšre qu’elle ne doit pas simplement laisser place à la propriété commune, mais qu’elle doit être radicalement redéfinie. À partir de 1845, Marx Ă©tudie son Ă©mergence et son rĂŽle historiques concrets, dans l’IdĂ©ologie allemande puis dans toutes ses Ɠuvres ultĂ©rieures, situant cette analyse au cƓur de sa critique de l’économie politique. La question de la propriĂ©tĂ© est l’angle dĂ©cisif en vue de comprendre la façon dont les producteurs directs se sont trouvĂ©s dĂ©possĂ©dĂ©s de leurs propres moyens de production. Elle soulĂšve la question politique du type de rĂ©appropriation, individuelle et collective, qu’il s’agit dĂ©sormais d’envisager. Dans le Capital, Marx présente la dĂ©finition communiste de la propriété comme négation de la négation », précisant cette fois qu’il s’agit de rétablir de la propriété personnelle »[8]. L’originalitĂ© de Marx consiste donc Ă  dĂ©placer la critique de la propriété privée sur le terrain de la production et du travail, comme lieu originaire de la dépossession de soi, que les rapports juridiques de propriĂ©tĂ© enregistrent et lĂ©gitiment. Surmonter cette dépossession exigera de tout autres moyens que l’égalité de revenu et la propriété collective, nĂ©gation simple de la propriĂ©tĂ© capitaliste, formes simplistes de la réappropriation précisément parce qu’elles ne prennent pas en compte la vraie nature de l’aliĂ©nation, sa transformation tendancielle de la force de travail en pure marchandise capitaliste. Les rapports de propriĂ©tĂ© sont l’instrument et la forme de la domination de classe, tout autre chose donc qu’une rĂ©partition inĂ©quitable des richesses. La propriĂ©tĂ©, question politique et stratĂ©gique En vertu de cette analyse historique et dynamique des rapports sociaux, Marx en vient Ă  concevoir la transformation des rapports de propriĂ©tĂ© non pas comme l’horizon lointain d’une collectivisation achevĂ©e, mais comme le ressort d’une mobilisation au prĂ©sent, s’appuyant sur les besoins sociaux que le capitalisme tout Ă  la fois engendre, dĂ©voie et nie. En ce sens la question de la propriĂ©tĂ© telle que la pense Marx dĂ©finit moins le communisme comme organisation sociale Ă©tablie et bien dĂ©finie que l’intervention communiste au sein mĂȘme du capitalisme. Cette conception du communisme comme construction en acte de la mobilisation s’oppose Ă  une dĂ©finition de l’alternative coupĂ©e des mĂ©diations qui rendent possible son Ă©laboration proprement politique de ce point de vue, la rĂ©flexion marxienne sur la propriĂ©tĂ© prĂ©sente bien une dimension politique et stratĂ©gique centrale. Ainsi, les toutes derniĂšres pages du Livre I du Capital affirment-elles que la centralisation croissante du capital s’accompagne de la montée de la forme coopérative du procès de travail », la centralisation des moyens de production et la socialisation du travail [atteignant] un point où elles deviennent incompatibles avec leur enveloppe capitaliste. On la fait sauter. L’heure de la propriété privée a sonné. » Et Marx ajoute, sur un mode tout aussi affirmatif la production capitaliste engendre à son tour, avec l’inéluctabilité d’un processus naturel sa propre négation. C’est la négation de la négation »[9]. La tonalité déterministe de ces lignes, son retour apparent Ă  la philosophie hĂ©gĂ©lienne de l’histoire, vont inciter bien des lecteurs à les extraire d’une analyse en réalité bien plus complexe et profondĂ©ment politique. Le texte dont elles sont extraites, rarement citĂ© en entier, est en rĂ©alitĂ© entrelardé de considérations qui réinjectent les luttes de classes et la conscience qui les accompagne au sein de la transformation sociale. En effet, Marx précise aussitôt que, du côté du capital, la logique de monopole s’impose progressivement et mécaniquement, alors que du côté des ouvriers s’accroît le poids de la misère, de l’oppression, de la servitude, de la dégénérescence, de l’exploitation, mais aussi la colère d’une classe ouvrière en constante augmentation, formée, unifiée et organisée par le mécanisme même du procès de production capitaliste »[10]. Le communisme est donc, non un projet lointain et abstrait, mais ce qui caractĂ©rise au prĂ©sent un certain type d’intervention politique et de mobilisation collective. En ce sens, le communisme vise avant tout l’élaboration consciente de ses propres présuppositions concrètes c’est-Ă -dire de conditions historiques qu’il trouve dĂ©jĂ  lĂ  et qu’il transforme Ă  mesure en même temps que l’élaboration d’une finalité en partie immanente au rétablissement de la propriété individuelle fondée sur les conquêtes mêmes de l’ère capitaliste »[11]. Mais cette immanence n’a rien de la transformation automatique et immanente du capitalisme dĂ©crite par Negri. Pour Marx, c’est prĂ©cisĂ©ment la nĂ©cessitĂ© de la conscience collective comme composante centrale de la lutte de classe, qui fait du communisme cet effort, sans précédent au cours de l’histoire humaine, en vue de parvenir Ă  la maîtrise consciente par l’humanité de sa propre organisation sociale et de son rapport durable Ă  la nature. Car la prise en compte du rapport des hommes Ă  la nature, condition mĂȘme de l’existence humaine, que Marx pense au travers de la notion de mĂ©tabolisme », est la grande innovation des annĂ©es 1860. L’abolition de la propriĂ©tĂ© capitaliste a prĂ©cisĂ©ment pour enjeu l’organisation de rapports de production Ă  la fois dĂ©mocratiques et rationnels, rendant possible un mĂ©tabolisme social et naturel soutenable. Ainsi, au-delĂ  de la question juridique de la propriĂ©tĂ©, la rĂ©appropriation se trouve élargie par Marx au-delà de la visée du rétablissement de la propriété individuelle, conçue comme droit d’accès garanti à des biens et à des services, en direction d’assurer les conditions de leur production, de leur reproduction et de leur contrôle collectif, mais aussi en vue du développement des capacités individuelles. Cette rĂ©appropriation est un moteur de la lutte de classe, dans sa dimension fonciĂšrement anticapitaliste et elle est Ă  organiser comme telle la stratĂ©gie est intervention militante dans un contexte historique et politique toujours singulier. Les producteurs associés ont à se rĂ©approprier ce que, paradoxalement, ils n’ont en réalité jamais possĂ©dĂ©, mais qui leur fait désormais manifestement défaut et dont la conquĂȘte est urgente le contrôle collectif, dĂ©mocratique, de leurs conditions de travail, de la production et de la répartition des richesses produites. Pour Marx, les rapports sociaux capitalistes imposent par la violence leur forme à une activité dont les résultats, mais aussi l’exercice se voient ainsi confisqués, cette dépossession fondamentale atteignant de plein fouet le sujet humain en tant que tel, dans son individualitĂ©, en mĂȘme temps qu’elle dĂ©truit le mĂ©tabolisme hommes-nature. Une fois redéfinie l’ampleur de cette réappropriation, qui n’est pas le retour à un état premier, mais l’accomplissement de potentialités inédites, toute la difficulté est de la convertir en un objectif politique crédible et mobilisateur, placĂ© au cƓur d’une stratégie révolutionnaire se construisant Ă  mesure. Ainsi, c’est bien au cƓur du laboratoire de la production » qu’il faut installer la question communiste contre l’économie politique bourgeoise, Marx s’emploie Ă  montrer que le travail est la substance de la valeur, mais que lui-même n’est pas valeur, la force de travail n’étant pas produite comme une marchandise, mĂȘme si elle se trouve Ă©changĂ©e comme telle. Et c’est en ce point précis qu’exploitation et domination se nouent aux aspirations qu’elles Ă©crasent. Elles forment une contradiction aussi profondément économique et sociale qu’individuelle et politique ou, plus exactement politisante, c’est-Ă -dire condition de possibilitĂ© de la lutte, condition non suffisante, mais nĂ©cessaire. Car ce sont leurs capacités à la fois forgées et déniées, leur émancipation entrevue et confisquée, qui conduisent les producteurs à lutter pour la réduction de la journée de travail et de ce fait mĂȘme contre le capitalisme en tant que tel. Un communisme de la rĂ©appropriation La question de la propriĂ©tĂ© telle que la conçoit Marx s’élargit ici Ă  la question de l’émancipation et d’une rĂ©appropriation pensĂ©e comme rapport Ă  soi, qui sont les ressorts de la mobilisation en mĂȘme temps que ses buts. On est ici aux antipodes d’un programme de redistribution des richesses, qui serait extĂ©rieur et antĂ©rieur aux luttes sociales et Ă  leurs acteurs autant que d’une montĂ©e irrĂ©sistible des formes de coopĂ©ration Ă  l’intĂ©rieur des rapports capitalistes d’exploitation. Marx prĂ©cisera cette analyse Ă  l’occasion de la Commune de Paris, mais aussi dans les brouillons de sa lettre cĂ©lĂšbre Ă  VĂ©ra Zassoulitch de 1881, concernant la propriĂ©tĂ© fonciĂšre et l’organisation de la commune russe traditionnelle, l’obchtchina ou mir. Dans ces deux cas, et dans le droit fil de son analyse antĂ©rieure, c’est non pas la rĂ©alisation d’un programme social prĂ©dĂ©fini qui l’intĂ©resse, mais la construction de la mobilisation politique rĂ©volutionnaire et la façon dont elle peut se traduire dans des mesures sociales affrontant la logique capitaliste, enclenchant un processus de transformation rĂ©volutionnaire, nĂ©cessairement long et heurtĂ©. Dans ces brouillons, hostile Ă  toute simplification et Ă  toute conception dĂ©ductive de la stratĂ©gie, Marx n’épouse aucune des analyses des courants issus du populisme russe, qu’il s’agisse de la fĂ©tichisation des formes prĂ©capitalistes ou de l’apologie du stade capitaliste. Se gardant de prĂ©dire quoi que ce soit, il envisage que la commune rurale russe puisse, Ă  certaines conditions, se dĂ©gager de ses caractĂšres primitifs » et se dĂ©velopper directement comme Ă©lĂ©ment de la production collective sur une Ă©chelle nationale », et cela tout en condamnant clairement son caractĂšre patriarcal. Il prĂ©cise c’est justement grĂące Ă  la contemporanĂ©itĂ© de la production capitaliste qu’elle s’en peut approprier tous les acquĂȘts positifs et sans passer par ses pĂ©ripĂ©ties terribles, affreuses. La Russie ne vit pas isolĂ©e du monde moderne ; elle n’est pas non plus la proie d’un conquĂ©rant Ă©tranger Ă  l’instar des Indes Orientales »[12]. Il s’agit donc de faire Ă©voluer la forme communale tout en la conservant, initiant son dĂ©passement, au sens complexe du terme allemand d’Aufhebung qui penche ici davantage vers l’idĂ©e de transformation » que vers celle d’ abolition ». Mais cette option est avant tout une hypothĂšse politique, subordonnĂ©e au dĂ©clenchement d’un processus rĂ©volutionnaire. Et, dans sa prĂ©face de 1882 pour l’édition russe du Manifeste, Marx ajoute une nouvelle condition, promise Ă  une longue controverse, la conjonction entre rĂ©volution russe et rĂ©volution prolĂ©tarienne mondiale si la rĂ©volution russe donne le signal d’une rĂ©volution prolĂ©tarienne en Occident, et que donc toutes deux se complĂštent, l’actuelle propriĂ©tĂ© commune du sol en Russie pourra servir de point de dĂ©part Ă  une Ă©volution communiste »[13]. Un tel raisonnement relĂšve de la critique de l’économie politique en ce qu’elle est, prĂ©cisĂ©ment, politique si l’on considĂšre que la logique de fond qui a engendrĂ© le capitalisme est, non pas l’expansion du marchĂ©, mais la sĂ©paration radicale du producteur d’avec les moyens de production », et plus prĂ©cisĂ©ment encore l’expropriation des cultivateurs », et que le communisme vise la rĂ©appropriation par les individus de leurs propres forces sociales, alors des formes sociales antĂ©rieures Ă  cette sĂ©paration et localement persistantes aprĂšs elle peuvent offrir des points d’appui Ă  une rĂ©volution tendanciellement mondiale, mais qui se construira dans des conditions nĂ©cessairement nationales. Cette rĂ©flexion historique du Marx de la maturitĂ© sur les causes de la naissance du capitalisme et celles de sa possible disparition reste donc insĂ©parable du projet rĂ©volutionnaire de son abolition et d’une rĂ©flexion stratĂ©gique sur les conditions concrĂštes permettant de l’envisager. Marx souligne qu’en tant que forme sociale fondĂ©e sur le partage et l’égalitĂ©, sur la propriĂ©tĂ© commune et la propriĂ©tĂ© individuelle-personnelle, la commune russe se distingue des communautĂ©s plus archaĂŻques » le communisme marxien n’est pas un collectivisme, mais un certain type de socialisation des moyens de production. Au plan stratĂ©gique, la question de la propriĂ©tĂ© reste donc cruciale Ă  ses yeux, Ă  condition de la considĂ©rer non comme forme strictement juridique, mais comme levier politique et comme gradient du dĂ©veloppement individuel une telle rĂ©flexion en termes de formes et de dynamiques contradictoires, enracinĂ©es dans des conditions toujours concrĂštes et impliquant la conscience croissante Ă  mesure des acteurs de la transformation politique et sociale, conserve une grande actualitĂ©, Ă  la condition de n’y chercher aucune recette toute prĂȘte. Aux yeux de Marx, c’est la volontĂ© individuelle et collective de rĂ©appropriation qui est le moteur de toute rĂ©volution, sachant qu’il lui reste Ă  se doter des formes politiques organisĂ©es de son Ă©mancipation. Au 21e siĂšcle cette question reste Ă  l’évidence devant nous, par-delĂ  la perspective Ă©troitement juridique des communs. * Illustration WorldTraveller101 / Wikimedia Commons. Notes [1] Michael Hardt et Antonio Negri, Empire, trad. fr. Canal, Paris, Exils, 2000, p. 17. [2] Ibid., p. 467. [3] Ibid., p. 20. [4] Michael Hardt et Antonio Negri, Commonwealth, trad. fr. E. Boyer, Paris, Gallimard, 2013, p. 209. [5] Ibid., p. 210. [6] Karl Marx, Manuscrits de 1844, trad. fr. E. Bottigelli, Paris, Éditions Sociales, 1968, p. 87. [7] Ibid., p. 86. [8] Karl Marx, Le Capital, livre 1, trad. fr. Lefebvre, Paris, Puf, 1993, p. 856. [9] Ibid. [10] Ibid. [11] Ibid., p. 857. [12] Karl Marx, Projet de rĂ©ponse Ă  VĂ©ra Zassoulitch, [13] Karl Marx, Friedrich Engels, PrĂ©face Ă  l’édition russe de 1882 », Manifeste du parti communiste, trad. G. Cornillet, Editions sociales, Paris, 1986, p. 115. nB5d8.
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